le blog de Lika Spitzer

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La paume

Je crains un peu la paume des mains chez les humains. Qu'elle soit épaisse ou fine, rougeaude ou pâle, elle me met mal à l'aise. Je préfère les petits coussinets qu'ont les chats et les chiens sous les pattes, les sabots des chevaux, des ânes, des biches, et même ce qu'on voit sous les pieds des éléphants et dont je n'ai pas retenu le nom.
La paume des humains prend peu le soleil, sa peau est spéciale, les pores moins visibles à cet endroit que toutes ces lignes et stries particulières à chacun, et si intimes somme toute, que je suis presque gênée de les voir.
J'irais jusqu'à dire que je trouve la paume des mains infiniment plus intime que les fesses, au point que c'est plutôt au creux des mains des gens que je m'attendrais à trouver un anus, ou autre chose de ce genre...
Qui va encore vouloir que je lui lise les lignes de la main, ce que je fais volontiers, respectueuse de cette intimité offerte...
                                                          
                                                                         (écrit le 19 05 86)

Les adverbes

J'aime les adverbes. Et, bien que les professeurs de français demandent à leurs élèves de n'en laisser que le minimum dans leurs copies, moi je fais le contraire : j'en  mets partout. Parce que l'adverbe est doux, féminin, négligemment terminé, souvent, par ces festons réguliers de "ment" (et en anglais, plus gracieusement encore par le "ly" si léger..) N'a-t-il pas, l'adverbe, quelque chose de la paresse sensuelle prêtée aux créoles, avec ces terminaisons languissantes, évoquant ces volants ajoutés au bas des robes et jupons d'antan, pour les rendre plus voluptueux encore...
 
                                                         (écrit le  08 04 80)

Dans "Bonjour, tristesse"

"Bonjour, tristesse"... Le charme de ce livre venait de la légèreté extrême de cette culpabilité. Je parle de "légèreté", comme on dit de la monture d'une bague qu'elle est légère, une culpabilité, en somme, réduite au minimum... Autrement dit, me charme chez Françoise Sagan, un souci d'élégance dans l'attitude volontiers pécheresse, qui me semble un avatar mélancolique de la vertu...
  
                                                 (écrit le 22 10 90)

Pénélope et Maria

Quand on regarde le corps, les gestes de Maria Callas chantant, on voit que leur grâce comporte une indéfectible timidité, une réticence ferme et courtoise à exister charnellement, quelque chose d'ombreux et de retiré malgré la force éruptive du désir. C'était peut-être cela qui faisait son charme, au sens ancien, puissant, du terme. Mon amie Pénélope lui ressemblait.
  
                                                                         (écrit le 08 01 87)

Sans titre

 

Les femmes à qui on tue leurs maris et leurs enfants m'intimident. Cette douleur est la seule royauté devant laquelle s'incline et se déchire mon âme de papier.

 

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