samedi, février 27 2010, 12:58
Les adverbes
Par Lika Spitzer - Textes épars - Lien permanent
J'aime les
adverbes. Et, bien que les professeurs de français demandent à leurs élèves de
n'en laisser que le minimum dans leurs copies, moi je fais le contraire :
j'en mets partout. Parce que l'adverbe
est doux, féminin, négligemment terminé, souvent, par ces festons réguliers de
"ment" (et en anglais, plus gracieusement encore par le
"ly" si léger..) N'a-t-il pas, l'adverbe, quelque chose de la paresse
sensuelle prêtée aux créoles, avec ces terminaisons languissantes, évoquant ces
volants ajoutés au bas des robes et jupons d'antan, pour les rendre plus
voluptueux encore...
(écrit le 08 04 80)
4 commentaires
moi aussi, je les aime les adverbes, mais pas dans tous les livres… quelquefois ils m'ennuient, mais d'autres fois, oui, ils festonnent amoureusement la langue, — au moins les verbes, dont ils font tout à coup miroiter un autre reflet au bout d'un couloir sombre. Tu ne crois pas que la littérature est affaire de lumière, de clair-obscurs, de demi-teintes ? Ah la la. Toto
@Larry Fleyt Tu as probablement raison, mais quand j'écris, je ne pense qu'à construire le dehors du dedans.
Je me rappelle avoir lu chez Merleau-Ponty, dans" L'Oeil et l'esprit" que la peinture serait le dehors du dedans et le dedans du dehors.
J'étais tellement d'accord avec ça, que fascinée je n'avais pas pu poursuivre ma lecture. C'était il y a quarante ans !
Peut-être m'étais-je arrêtée de lire ce texte parce que je n'y comprenais plus rien ? Avec les livres, je ressens souvent la frustration décrite dans la fable "Le renard et la cigogne"... : ce qui est écrit pour moi, je ne peux parvenir à l'incorporer !
...
"N'a-t-il pas, l'adverbe, quelque chose de la paresse sensuelle prêtée aux créoles, avec ces terminaisons languissantes, évoquant ces volants ajoutés au bas des robes et jupons d'antan, pour les rendre plus voluptueux encore..."
J'adore !
J'aime particulièrement ce texte. Si j'étais encore prof, je le ferais lire à mes élèves.
Votre blog est une pépite...
Et comme souvent lors des promenades sur la Toile, je l'ai découvert par hasard, en suivant un lien...
Je vous laisse l'adresse du mien, car je ne veux pas rester anonyme, pourtant, en vous lisant, ouh là là ! Je me racrapote dans mon fauteuil...
@ Pivoine : Votre "j'adore", c'est du miel sur ma fatigue.
Et cependant il FAUT absolument que j'aille encore faire me deux heures de travail sur Emily Dickinson. Demain j'irai sur votre site - si j'y arrive (je suis assez nulle en informatique, chacun le sait). C'est promis.