Si je pense à une tâche que je dois accomplir - même pas embêtante, tout à fait dans mes cordes - une tâche que j'ai tout le temps d'accomplir (et en douceur, si je veux) si je pense à cette tâche, survient souvent une pierre énorme qui s'attache à mon cou. Elle a beau n'être qu'un vague nuage quand on la regarde de près, elle pèse, elle pèse, elle m'enfonce sous l'eau - quelle eau ? - je respire mal, je ne sais pas me défendre, je n'en ai même plus l'idée.
C'est comme si mes poumons se transformaient en branchies, à chaque plongée, passage anormal d'un mode de respiration à l'autre, exténuant, quand le travail attend sur la rive, la joie de progresser, de voir comment tout peut prendre forme, se construire - oublie ça, ce n'est pas pour toi.
Mais il y a mon cahier, mes stylos. Et c'est alors qu'encore mouillée, pas encore transformée, je parviens à me hisser sur la rive pour écrire quelques lignes, avec l'espoir de revenir à mes tâches abandonnées; sans que je puisse me permettre - non, je ne me le permets plus - d'espérer que la pierre ne reviendra plus.