[Pourquoi ai-je laissé ce billet du 15 août 2010 en rade, stigmatisé par une petite croix rouge dans la colonne ? Impossible de savoir.]

Je suis étonnée du nombre de tiroirs que semblent posséder les écrivains. Par exemple, dans Destins croisés - Israléiens -Palestiniens, l'histoire en partage, de Michel Warschawski, je lis dans l'introduction : "[...] pendant plus de cinq ans, le manuscrit est resté dans un tiroir."
A-t-on tant de tiroirs ? Chez moi, les tiroirs servent aux sous-vêtements, ou bien aux mille objets de papeterie qu'un écrivain peut avoir chez lui : crayons, stylos, gommes, règles, ciseaux, colles de toutes sortes, sur-marqueurs, élastiques et trombones, sans parler des lettres à conserver, des photos, des articles de journaux, des dessins d'enfant...
Ou bien, si je suis à la cuisine, les tiroirs - tous bourrés - contiennent, d'un côté des couverts en quantité, de l'autre, une masse embrouillée d'ustensiles, ailleurs des serviettes, des nappes, ou des torchons, des sacs de congélation de plusieurs formes avec leurs ligatures; ailleurs encore, un monceau de modes d'emploi, des cartons de recettes, tout un bazar (dont je devrais jeter la moitié) : des allumettes, des briquets, une lampe de poche, un sécateur pour les fleurs, des ciseaux énormes qui coupent mal ou pas du tout, des filtres de toute sorte, des lunettes de dépannage, on va s'arrêter là, mais PAS de manuscrits !
Les manuscrits, sont couchés près des livres - toujours debout, eux - et ensemble, ils prennent la poussière sur les rayonnages des bibliothèques que Philippe m'a fabriquées, de décennie en décennie.
Alors ces histoires de manuscrits dans les tiroirs m'agacent. Sans doute parce que j'en ai trop, de ces manuscrits-là, et que je ne possède pas de bureau ministériel aux tiroirs profonds comme des tombeaux. Donc, aigre (aigrie ?), quand j'entends parler de manuscrit dans un tiroir, je me dis :"Pff... c'est un cliché" - sans être tout à fait sûre d'avoir raison.
Post-scriptum : Je n'ai rien dit des placards, vous avez de la chance.