C'était il y a bien longtemps. Un soir, dans mon studio, j'étais dans un état de tristesse, de déprime totale, oh, je me souviens. Et puis, voilà que soudain, à la radio j'entends au piano une musique si bouleversante, si magnifique, que subitement, ma tristesse a fait place à un enthousiasme émerveillé, un total bonheur ! Je ne connaissais pas ce morceau. A la fin, fébrile, je note : Intermezzo du Carvaval de Vienne Op. 26 de Schumann joué par Jean-Claude Pennetier. Je n'ai plus retrouvé ce morceau interprété par lui. J'ai acheté les 33 tours où il jouait les concertos de Mozart, mais il n'y avait pas la magie de ce soir-là. Par la suite, j'ai acheté plusieurs CD où figurait cet Intermezzo. Mais jamais je ne retrouvais la passion que Jean-Claude Pennetier avait mis en "live" cette fois-là. Un jour je me suis même trompée : j'ai trouvé à la bibliothèque le Carnaval Op.9 de Schumann, joué par Reine Gianoli, mais il s'agissait de "scènes mignonnes sur quatre notes" et d'Intermezzo, point.

Ensuite, j'ai supplié ma nièce Rachel d'apprendre cet Intermezzo; c'est une excellente pianiste. Son professeur avait pour prénom Svetlana, une femme extraordinaire, qui avait appris le piano en Russie, professeur au conservatoire de Lyon. C'est tout ce que je sais d'elle. Et l'effet a été magique. L'Intermezzo reprenait vie sous les doigts de Rachel. Plus tard, cela a été le tour de mon amie Françoise Tarquin. Je SAVAIS qu'elle aussi saurait... Aujourd'hui, je ne possède que les enregistrements de Yves Nat, professeur adoré d'un ancien professeur de conservatoire. C'est bien, je ne dis pas. Mais pas magique. Voilà l'histoire.