Bon, j'ai lu Sur les traces de... (1/5) La poétesse Emily Dickinson. Le titre en est La solitaire de Pioner Valley, immenses lettres derrière lesquelles on aperçoit les volutes gris pâle de lettres isolées, fragments de l'écriture d'Emily. On nous annonce cinq livraisons. Pourquoi pas.
Cet article ne m'a pas déplu, malgré le premier paragraphe, qui me rappelle un devoir en première année au Centre de Formation des Journalistes, il y a mille ans de ça, où l'on exigeait de nous que ce soit écrit dans le ton des reportages du Paris-Match. J'avais lu mon travail à mon copain Lans, qui s'était moqué de moi. Et à sa surprise, j'avais obtenu 8/10, coefficient 3. Il n'en revenait pas.
Mais dès le deuxième paragraphe, les choses se sont arrangées. Malgré ses phrases un peu longues, j'ai apprécié que la journaliste dise D'Emily Dickinson : "cette femme étrange, moins sauvage de nature que retranchée volontaire du monde, auteur d'une oeuvre aussi puissante qu'énigmatique", et qu'elle donne ces beaux vers :
Je me dis, la Terre est brève -
Et l'angoisse - absolue -
La douleur partout,
Et alors ?
Je me dis, on peut mourir -
les Forces les plus vives
sont vouées à la Corruption,
Et alors ?
Je me dis qu'au Ciel -
Cela risque d'être la même question -
Avec une nouvelle Equation -
Et alors ?
Etonnée, je vois que sur l'éternel daguerréotype de 1848 (où Emily a dix-sept ans - ne pas oublier qu'elle est née en décembre 1830 -)  toujours en noir et blanc ou sépia, la pâle Emily, sur cette page 19, a les joues bien roses, et une bouche comme barbouillée de maquillage. On aurait mieux fait de lui fabriquer des cils pour mettre en valeur ses prunelles - dont elle écrivait à Higginson qu'elles ont la couleur de la cerise qui reste au fond du verre de sherry. (Je crains ici de faire le faux-sens que dénonçait Françoise Delphy dans la belle biographie d'Emily Dickinson, mais elle m'a repris le livre très vite, n'en possédant que peu d'exemplaires.) On n'en a jamais fini avec Emily Dickinson.