On me dit : « Il faudrait peut-être que tu époussettes tes livres », mais quand je touche mes livres, ce n’est pas pour les dépoussiérer. La femme que le maharajah choisit le soir, ce n'est pas pour lui épousseter la jupe ; et les bonnes bouteilles, il paraît qu’on ne les époussette pas. Et puis, Simone de Beauvoir n’a-t-elle pas dit : « La lutte contre la poussière est une lutte perdue d'avance » ? On peut trouver émouvant de souffler sur un livre avant de l'ouvrir, avant de le feuilleter ; désireux, l’emportant contre soi, d’effacer sur lui les traces encore sensibles de l’oubli impardonnable où on l’a tenu trop longtemps.