En feuilletant Les Diagonales, j'entends la voix de Jean-Pierre, tranquille rapidité sans chichis :

L'aube s'infiltre sous ma porte
Suis-je libre la plume va
Où sont les fillettes accortes
Qui dormaient le long de mon bras

Quelle heure est-il Bonsoir mon siècle
Suis-je encore de ce monde-ci
La nuit est bleue la mort est verte
Qui dure bien plus que la vie

L'aube s'infiltre sous ma porte
Suis-je libre la plume va
Où son coeur musicien l'emporte
Pour moi je ne suis jamais là

Jean-Pierre Rosnay


Maintenant je vais à la pêche dans falaises instables : LOU

Un sourire de Lou - c'est plus beau que tout - allô - allez savoir pourquoi je vois à la suggestion de mon imagination dévergondée, un petit crocodile qui sort du ruisseau - c'est aussi très beau.

C'est fou ce que l'on peut faire avec quelques mots - allô allô comment c'est qui - comment vas tu mon chéri ? - Je pose un grand point d'interrogation et je passe à la ligne suivante.
Un sourire de Lou c'est plus beau que tout.
Lorsque Lou sera grande et qu'elle relira ce poème, si j'ose ainsi appeler ces quelques mots, elle saura très fort que celui qui écrivait ceci l'aimait, l'aime, l'aime.
Marcelle est au téléphone. Elle rit et dit : non non non - ca va ça va ici ça va
Marcelle rit - le rire de Marcelle c'est comme une envolée de tourterelles. Profitions de notre passage sur terre pour nous aimer très fort.
Allô allô, merci.
A vous aussi.

Quelquefois je mets les points sur les i et je barre les t. Mon dieu, mon Dieu en aurai-je écrit des bêtises mais j'ai fait des progrès, depuis quelque temps, vingt ou trente ans peut-être, je ne me crois plus obligé de rimer. Ca n'a pas été facile, ne plus rimer c'est un peu se promener pieds nus dans la rue, une paire de chaussures à la main.
Mon Dieu en aurai-je écrit des bêtises. Ecrire, c'était mon penchant. Quelquefois en me relisant, j'étais tout étonné et je me disais, où as-tu encore été chercher ça, coquin !

Jean-Pierre Rosnay