Pour toi, en hommage, cette demande en pensée

          Meurs avant moi, juste un peu
          avant

          Afin que ce ne soit pas toi
          qui aies à revenir seule
          sur le chemin de la maison

Reiner Kunze a écrit ce poème en 1983, c'est ce poème qui avait touché Tsou, l'épouse et muse du merveilleux poète Jean-Pierre ROSNAY. Car JEAN-PIERRE vient de nous quitter. Mais non. Il a écrit tant et tant de poèmes magnifiques, lui aussi. Il ne nous a pas quittés. Allons vite le rejoindre. Je n'ai jamais été plus près de lui que ce soir, cette nuit. Je parcours ses livres depuis des heures.Tant de poèmes prenants, lequel choisir ?
Tu vois, Jean-Pierre, tu es bien là : tout près de nous.

Je prends ton premier poème de   
                              " Fragment et Relief :

          Chacun de mes poèmes est mon premier poème.
          Sur un coin de table, au bord du lit, sur une valise, en
       aurai-je fait des ces fabuleux voyages où jamais l'on ne
       sait où l'on aboutira.
          Un jour, bientôt, déjà peut-être, je serai présent sans
       moi, grâce à quelques pages."


 Maintenant je choisis, parce qu'il n'est pas long, ton
                                   "Portrait de mon fils endormi     A Nicolas

    J'ai fait un petit animal qui me ressemble, et qui n'est pas du tout un petit animal, puisque c'est mon fils. Je le regarde dormir et je pense que c'est injuste qui'il doive mourir un jour, je pense qu'il ne sait rien de l'âpre combat de la vie et qu'il se fera mal à monter puis à descendre l'escalier.
   Sur sa lèvre rose, je compte quatre dents. Le rythme de sa respiration se répercute imperceptiblement contre mon front. Voilà qu'il bouge, mâche, passe sa main sur son visage, épure un profil, puis retourne à son rêve."

Demain, Jean-Pierre, j'en copierai d'autres, mais mieux, en me servant d'abord de "Word". Ici, je ne peux écrire directement aucune italique. J'espère que dans mon sommeil je ne t'oublierai pas. Regarde, il y a beaucoup d'amour autour de toi. Tu n'es pas seul.