Sam et Nat étaient en retard. Le champagne était au frais; nous, au chaud; les chats en alerte - personne n'aime attendre. Alors j'ai dit à Philippe : "Tu vas voir, dès qu'on cesse d'attendre pour se mettre à un travail, les invités arrivent."
Je vais donc chercher mon recueil Oeuvre poétique  Collected Poems, de Keith Barnes, (éditions d'écarts) traduits par Jacqueline Starer et je choisis de lire tout haut pour Philippe :


Juste

Laisse ta tête posée sur ma poitrine
Non que je sois brave
ou puisse veiller sur toi
mais laisse ta tête posé sur moi
Il y a beaucoup de choses
que je ne comprends pas
juste le bien-être de ta tête
juste là sur ma poitrine
juste contre mon sein
tes cheveux   la chaleur de ton souffle
juste ici et maintenant   ici maintenant
en ces moments proches du sommeil
comme le silence de ton regard
Laisse ta tête posée sur ma poitrine

Just

Keep your head down on my chest
Not I am brave
that I will watch
but keep your head down
I don't understand   many things
just the comfort of your head
just there on my chest
just against my nipple
your hair   your warm breath
just here an now  here now
in these moments into sleep
like the deafness of your gaze
Keep your head down on my chest 

                                               
Et vous savez quoi ? Sam et Nat sonnaient à la porte comme je lisais "ou puisse veiller sur toi" !
Tandis que Philippe nous versait à boire, j'ai repris ma lecture, et Nat, derrière sa coupe de champagne avait les yeux aussi embués que son verre. (Ce qu'elle a dit, je le raconterai peut-être un autre jour.)