samedi, octobre 2 2010, 12:47
SOS inutile
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
Un peu à la bourre, je marche d'un pas alerte sous la pluie vers le métro Belleville. Soudain un bruit de sirène à vous percer le tympan.
Je regarde la voiture garée à ma gauche le long du trottoir. Pas de lumière clignotante. Je poursuis ma route et toujours cette sirène. Serait-ce la voiture suivante ? Ou encore celle qui suit ? Aucune ne clignote. Je continue de marcher dans ce bruit horrible...
Puis tout à coup je me dis : "Et si c'était mon nouveau portable ?" Je plonge la main au fond de mon sac : c'était LUI ! Heureusement, la rue était déserte. J'appuie sur dix boutons (j'ai compté), le bruit ne s'arrêtait pas. La honte. A tout hasard j'appuie sur un carré à peine visible au dos du téléphone et je vois s'inscrire en rouge : SOS ! j'appuie encore, et tout s'éteint : le bruit - et le signal rouge. Plus tard la même chose se reproduit quand je traverse l'avenue Simon Bolivar, alors que je n'avais pas touché à mon portable de la journée. Fureur. Je viens de comprendre...
Philippe, enchanté, m'a acheté le portable LE PLUS SIMPLE, avec de gros chiffres. (Je ne m'étais jamais plainte de la taille des chiffres...) "Exactement ce qu'il te faut", a-t-il dit, comme tu n'envoies pas de SMS ni de photos..." Mon nouveau téléphone était donc bien un portable de vieillard valétudinaire, égrotant et cacochyme (j'adore ces mots). Oui : car il pouvait être relié à un organisme comme le Samu, les pompiers, ou la personne à prévenir en cas de danger, on voit le genre.
"Bon, ai-je dit, si tu ne désactives pas ce truc, à la prochaine sonnerie je le fous à la poubelle."
De temps en temps, ça lui prend, à Phil. Déjà, il y a bien trente ans, il s'était mis à me beurrer mes tartines, au petit déjeuner. Moi, furieuse : "Tu ne peux pas attendre que je sois paralysée ?"
Je ne suis pas folle : je sais que quand j'aurai VRAIMENT besoin de ce genre de service, il me le rendra... moins volontiers. C'est capricieux, la bienveillance chez les hommes, j'ai remarqué.
8 commentaires
Et il clignote, ton portable?
@ Kart : Comment veux-tu que je le sache ?
Capricieux la bienveillance des hommes ?
J"ai acheté un portable pour madame Mère avec des grosses touches , elle a la vue basse et les doigts crochus, elle me l'a rendu en disant: tu me prends pour une vieille! J'en veux un moderne !
alors , hein, c'est kiki cause de bienveillance ???
Bisous
@ Corto : Fallait d'abord demander à madame Mère ce qu'elle désirait, non ? C'est dur, quand la famille se croit autorisée à décider pour vous...
Et puis "la vue basse et les doigts crochus"... voilà madame Mère habillée pour l'hiver !
Comme je me comprends de ne vouloir de portable A AUCUN PRIX !
Après cela il ne restera plus qu'à accepter les couches et hop...
@ Putzi Ouane : Comment ça, hop ! Si vivant seule (on ne sait jamais, faut tout prévoir...) tu tombes par terre avec tes couches, tu risques d'y rester des heures, alors que si tu as ce genre dispositif mais pas de parentèle dans le quartier, un sauveur diplômé viendra casser ta porte, et hop ! à l'hosto, hop à la maison de retraite ! C'est pas génial, ça ?
Mort de rire !!! Surtout quand je t'imagine en train de regarder partout pour voir où est cette saloperie de bagnole.....
Berry et Christine se sont foutues de ma gueule un max et : "Mais il est fou, ce Phil ! Il fallait le rendre, ce portable !" Je n'y ai pas pensé ; la poubelle me paraissait plus appropriée. La colère est souvent mauvaise conseillère.