samedi, décembre 3 2011, 01:43
C'est un au revoir
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
Voilà plusieurs mois que je suis préoccupée par le manque de temps. J'ai ressenti le besoin de revenir au piano (c'est passionnant, mais très dur), le besoin aussi de retrouver ma langue maternelle - l'allemand - (dur, dur, aussi). A cause de mon intérêt pour Emily Dickinson je ne veux pas abandonner non plus l'anglais, la langue que je parlais dans l'enfance avec mes parents, à Shanghai, quand l'allemand était devenu interdit de séjour. (Très dur aussi, bien évidemment).
Mon père n'a jamais appris le français. Et à sa mort, je n'ai eu plus personne avec qui parler ces langues devenues de plus en plus étrangères, malgré le lycée. Seulement voilà, je vieillis, et avec les médicaments que j'emploie, je mémorise de plus en plus difficilement. Étudier est bon pour le cerveau, mais quelquefois, il demande grâce, le pauvre.
Difficulté supplémentaire, j'ai commencé un travail où je parle de ma fille Sarah. Et ce travail-là, je DOIS le faire avant de mourir moi-même. Il est plus important et difficile que tout le reste. Or J'ai beau m'accrocher, je perds du terrain. Passion et ténacité ne suffisent pas. Il faut alléger la barque.
Comment n'avoir pas pensé à mon blog plus tôt ? Tenir un blog m'est agréable, c'est vrai, me suis-je dit tout à l'heure, mais ce n'est pas indispensable. La voilà donc, la solution : ne plus écrire de billet.
Ainsi, je vais dire au revoir ce soir à toutes les personnes qui viennent parfois me rendre visite ici - souvent pour me faire plaisir, je ne me fais pas d'illusions - et au revoir à celles que j'allais rencontrer sur leur propre blog, et dont la gentillesse, la pertinence, vont sûrement me manquer... J'irai, bien sûr, de temps à autre leur faire un petit coucou. Car j'ai aimé cette expérience.
Et maintenant, des vœux - la saison s'y prête - glanés chez un personnage de Tchekhov : "Que Dieu vous garde en bonne santé et vous épargne de renaître une seconde fois".
15 commentaires
je regretterai fort cette absence, Lika, je la regrette déjà au moment où j'écris ce commentaire (oh quel dommage si Lika s'en va!) mais bien sûr je comprends qu'à l'heure des choix ce soit le blog qui tombe...
bonne route, bon voyage sur la route du savoir et à bientôt j'espère!
avec toute mon amitié
Merci, chère Adrienne. Et bon courage pour tout ce que tu entreprends. Te retrouver ici m'a toujours fait du bien.
Je comprends que tu as beaucoup à faire, et c'est vrai le temps nous est compté, mais ce blog est très riche et on peut passer du temps à approfondir ce que tu as écrit, aussi je te demanderais de laisser à tes lecteurs le loisir de retourner sur ce blog afin que les commentaires continuent à s'enrichir non pas comme un exercice de style mais comme un dialogue dans l'espoir que celui-ci ne te prenne pas trop de temps, mais quelle que soit ta décision, merci pour tout ce que tu nous as donné
Bien sûr, Mireille, je laisserai ce blog là, mais le dernier billet restera celui où je dis qu'il n'y en aura pas d'autres.
Et tu sais, je ne me fais pas trop d'illusions sur les dialogues à venir, à partir d'anciens billets ! (Tout le monde veut de la nouveauté, se plaint ma libraire Gisela...) Mais j'irai de temps à autre sur les blogs amis, et si on m'écrit ici, je répondrai, tu t'en doutes. Je t'embrasse tout plein. Merci pour ce que tu me dis.
Très égoïstement, moi aussi, je regrette déjà ton absence... Et ces textes si littéraires, nets, souvent brefs, mais évocateurs. Et tes visites et tes avis, souvent pertinents, des moments d'amitié virtuelle.
Néanmoins, je te souhaite de t'épanouir dans tes différentes activités et surtout, de mener à bien celle qui t'est le plus chère...
Plus tout le reste de bon et de plaisant...
Chère Pivoine, merci pour les choses gentilles que tu me dis. C'est joli, l'expression "amitiés virtuelles". Oh, mais l'amitié créée par les mots n'est pourtant pas virtuelle (voici qui vaudrait le coup d'un billet...)
Je viendrai te voir "chez toi (oui, c'est un domicile virtuel, lui !) juste après Noël. Aujourd'hui, je suis déjà à la bourre : des courriers à envoyer, des courses encore... (bien que Philippe et moi allons rester à la maison, bien tranquilles à Noël). Ce soir, par contre, au Club des Poètes, on fête les cinquante ans de la création du lieu. Et beaucoup d'entre nous y allons, en souvenir du VRAI poète disparu - Jean-Pierre Rosnay. A bientôt, Pivoine.
Chère Lika, tu me manquais déjà quand je te lisais à mesure. Des heures passées en ta compagnie, ou à penser à toi. Tu mènes une jolie barque sur un fleuve difficile, amie jamais serrée dans mes bras. Je reviendrai te lire souvent, pour la beauté et le plaisir.
Eh bien, j'espère que ce noël aura été profitable... Je serai ravie de te lire de temps en temps, quand tu en as le temps. Un club des poètes ? C'est bien ça... Ah ! Certes, je préfère le terme d'amitiés littéraires à amitié virtuelle... Mais ce n'est pas facile à entretenir - sur la Toile...
Alors on dit qu'on fait comme ça, mais faut pas se priver de changer d'avis, hein, bien chère Lika
C'est une question que je me pose aussi parfois, mais tant que j'ai plaisir à faire mon blog je continue... mais peut-être que Stéphane Clément sera d'un caractère très exclusif...
travaille bien en tout cas
et courage en écriture. A bientôt.
@ euphrosine : C'est émouvant, délicat, ce que tu me dis : un direct au coeur.
@ Pivoine : Un Noël profitable, dis-tu ? Voilà qui est bien bizarre. Notre Noël , à Phil et moi a été le plus calme que j'aie jamais connu, un Noël peinard, en somme.
C'est "chez toi" que tu me liras, c'est une consolation pour moi : comme je n'avais pas arrêté mon blog...
Quant aux amitiés virtuelles ou littéraires ou ce qu'on voudra, c'est toujours difficile de les entretenir. On a beau penser à ceux qu'on aime, si on ne leur dit pas, ils imaginent, avec une déplorable modestie, qu'on les oublie. C'est vrai, non ?
@ Kitty : Eh non, chère Kitty, je ne changerai pas d'avis. La ténacité de Philippe a mis trente ans avant de s'insinuer (parcimonieusement) en moi et je tiens énormément à cette neuve qualité. Arrière donc, petit démon tentateur !
Comme je sais que je peux toujours venir me promener dans vos blogs, je n'ai pas de regrets. Je te remercie donc de continuer le tien, dans lequel on peut entrer en cliquant sur Catherine Ternaux, je le dis pour les amis, et je dis aussi que j'aime les livres que tu as publiés, autant que j'aime ceux de ton héros Jean-Paul Chabrier, lequel lui aussi tient un blog admirable, je le dis comme je le pense !
Pussi, Kitty (on prononce poussi : ça veut dire bisou, en autrichien : ma jeune prof d'allemand est viennoise...)
Un petit coucou, Lika, en venant faire un tour sur ton blog - et apprendre que tu l'arrêtes. Comme le disent quelques-uns, c'est dommage, mais on comprend ton souhait d'aller vers d'autres horizons. J'espère que tu y viens de temps en temps et que tu t'apercevras que tu n'es pas oubliée.
Et puis nous irons encore ensemble écouter de la belle musique.
Pussi, Lika. (C'est plus joli que bisous).
@ tourterelle : Je ne connais qu'une seule personne qui emploie ce "Pussi" !
Tu es donc, démasquée, tourterelle !
Mais je ne t'imagine pourtant pas employer l'expression "d'autres horizons". Accrochée à mes modestes territoires, j'étais bien obligée de me délester de quelque chose.
Je suis perplexe. Qui est donc cette tourterelle à qui je souhaite : Bonne Année ?
P. S. : Zut, je viens de remarquer que c'est moi-même qui ai parlé de "Pussi" ici ! Le mystère demeure. C'est ce "d'autres horizons" sur quoi je bute.
ben non pas pour te faire plaisir! juste pour te sentir, te regarder, comme un voile ou une moustiquaire transportée par le vent...je ne sais rien de tes combats mais je veux te remercier de m'avoir fait découvrir émily D - qd même tellement mal traduite en général, mais comment faire mieux?- ma fille aussi s'appelle sarah...prends soin detoi
Merci Pierrot. Tu sais, je viens de moins en moins souvent sur ce blog. Phil a réussi à "désinfester" mon blog de ses centaines d'"indésirables, dont je me demande d'où ils peuvent bien sortir... Je vais venir faire un tour "chez toi". Cela donne une impression bizarre : comme de revenir dans une maison qu'on a quitté depuis longtemps...
Une caresse d'aile d'oiseau en passant, Lika, les hirondelles te feront un joli printemps, je sens mon soleil s'éloigner pour rejoindre ton horison. Je repasse de temps en temps, comme dit plus haut mon avatar sorciéresque, mais là, c'est la vraie qui écrit. Bisous.