Voilà plusieurs mois que je suis préoccupée par le manque de temps. J'ai ressenti le besoin de revenir au piano (c'est passionnant, mais très dur), le besoin aussi de retrouver ma langue maternelle - l'allemand - (dur, dur, aussi). A cause de mon intérêt pour Emily Dickinson je ne veux pas abandonner non plus l'anglais, la langue que je parlais dans l'enfance avec mes parents, à Shanghai, quand l'allemand était devenu interdit de séjour. (Très dur aussi, bien évidemment).
     Mon père n'a jamais appris le français. Et à sa mort, je n'ai eu plus personne avec qui parler ces langues devenues de plus en plus étrangères, malgré le lycée. Seulement voilà, je vieillis, et avec les médicaments que j'emploie, je mémorise de plus en plus difficilement. Étudier est bon pour le cerveau, mais quelquefois, il demande grâce, le pauvre.
     Difficulté supplémentaire, j'ai commencé un travail où je parle de ma fille Sarah. Et ce travail-là, je DOIS le faire avant de mourir moi-même. Il est plus important et difficile que tout le reste. Or J'ai beau m'accrocher, je perds du terrain. Passion et ténacité ne suffisent pas. Il faut alléger la barque.
     Comment n'avoir pas pensé à mon blog plus tôt ? Tenir un blog m'est agréable, c'est vrai, me suis-je dit tout à l'heure, mais ce n'est pas indispensable. La voilà donc, la solution : ne plus écrire de billet.
     Ainsi, je vais dire au revoir ce soir à toutes les personnes qui viennent parfois me rendre visite ici - souvent pour me faire plaisir, je ne me fais pas d'illusions - et au revoir à celles que j'allais rencontrer sur leur propre blog, et dont la gentillesse, la pertinence, vont sûrement me manquer... J'irai, bien sûr, de temps à autre leur faire un petit coucou. Car j'ai aimé cette expérience.
     Et maintenant, des vœux - la saison s'y prête - glanés chez un personnage de Tchekhov : "Que Dieu vous garde en bonne santé et vous épargne de renaître une seconde fois".