Si je veux me mettre dans la tête trop d'expressions allemandes à la fois, je sens - ce n'est pas nouveau, n'est-ce pas ? - que mes neurones ferment les yeux ou plutôt les oreilles : plus rien de les atteint. Je vois à cela que je ne suis pas une intellectuelle. Heureusement, je peux toujours me tourner vers le brossage de la fourrure de Nora (elle le réclame dix fois par jour), le balayage du parquet jonché en permanence de ses poils, vers la vaisselle en attente dans l'évier, ou tiens, vers mon blog...
     J'ai connu une jeune fille qui a fait de brillantes études, comme on dit. Sa mère s'occupait de tout le reste, au point même de taper les thèses de sa fille et davantage. Cette fille-là était vraiment une intellectuelle à mon avis : capable de rester des heures et des heures, des mois et des mois, des années entières, à étudier. Comme je le lis dans l'URFAUST de Goethe, son esprit "bien dressé" a dû être chaussé "de bonnes bottes espagnoles", ce qui lui a probablement évité de "se promener en zigzag Comme un feu follet". Méphistophélès prétend qu'on obtient ces bons résultats par des cours de logique.
     Je me gratte l'épaule. Il est bien bizarre, cet Urfaust. C'est une version antérieure au premier Faust, et découverte par hasard dans les papiers d'une dame de la Cour de Weimar. En allemand, c'est bien plus beau qu'en français. Je me dis, continuer à vivre est vraiment intéressant.