Olive m'a envoyé un livre de poèmes intitulé Paroles perdues. J'ai commencé à le lire très tard dans la nuit, sous la petite lampe qui ne réveille pas Philippe. Et comme je venais de coller un post-it sur la page de mon poème préféré, je découvrais deux mots d'Olive, tracés au crayon, presque invisibles : "Mon préféré". Le voici :
     D'où viennent ces gens
     qui veulent tout,
     leurs grandes décisions,
     leurs belles phrases ?
     Moi, je préfère la brindille
     sur le bord du chemin,
     et les tresses impeccables
     des petites filles.
     Bien sûr, j'en aime d'autres, que le crayon presque muet d'Olive a caressés, et puis celui-là, qu'elle a sûrement aimé mais dont elle n'a rien dit, par délicatesse :
     Mes filles poseront peut-être
     la main sur ma pierre tombale.

     La fleur attentive regarde,
     les nuages et les oiseaux passent.