samedi, août 13 2011, 01:44
Le parrain de Marie Noël
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
Marie Noël écrit le 28 septembre 1938 :
Mort de mon parrain, Raphaël Périé,
Le vieux sage au beau visage de cheik arabe qui m'a révélé un instant le bonheur du monde.
Quelle ignorante j'étais sans lui !
En ce temps-là, j'étais jeune et j'avais soif : il m'a donné à boire.
J'étais jeune et laide : il m'a fait croire que j'étais belle.
J'étais sage et j'avais froid : il m'a permis d'être un peu folle et d'avoir chaud.
J'avais peur et je tremblais : il m'a encouragée.
Je craignais Dieu, je craignais les gens, je craignais mon père et ma mère : il m'a rassurée.
Je me cachais en moi, je me cachais dans l'ombre, je me cachais en Dieu pour n'être pas trouvée : il m'a prise et ramenée sur la terre en plein soleil.
(...)
Elle poursuit pendant plus d'une page, et j'avais souligné au crayon :
J'avais le cœur emmailloté d'obéissance et de saint tremblement.
Intitulé Notes intimes, le livre a été publié chez Stock en 1959.
Emily Dickinson n'a pas eu la chance d'être ainsi secourue.
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