Marie Noël écrit le 28 septembre 1938 :
     Mort de mon parrain, Raphaël Périé,
     Le vieux sage au beau visage de cheik arabe qui m'a révélé un instant le bonheur du monde.
     Quelle ignorante j'étais sans lui !
     En ce temps-là, j'étais jeune et j'avais soif : il m'a donné à boire.
     J'étais jeune et laide : il m'a fait croire que j'étais belle.
     J'étais sage et j'avais froid : il m'a permis d'être un peu folle et d'avoir chaud.
     J'avais peur et je tremblais : il m'a encouragée.
     Je craignais Dieu, je craignais les gens, je craignais mon père et ma mère : il m'a rassurée.
     Je me cachais en moi, je me cachais dans l'ombre, je me cachais en Dieu pour n'être pas trouvée : il m'a prise et ramenée sur la terre en plein soleil.
     (...)
     Elle poursuit pendant plus d'une page, et j'avais souligné au crayon :
     J'avais le cœur emmailloté d'obéissance et de saint tremblement.
     Intitulé Notes intimes, le livre a été publié chez  Stock en 1959.
     Emily Dickinson n'a pas eu la chance d'être ainsi secourue.