Adrienne, avec quelques vers de Lamartine, (vous savez,... : Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages...) m'a fait me souvenir qu'au Club des Poètes, beaucoup d'entre nous connaissions par cœur un poème de Jean-Pierre Rosnay intitulé LAMARTINE. Il avait été mis en musique par René Benaïche à la guitare (où es-tu, René, mon ennemi préféré ?) et nous le chantions en même temps que lui avec ardeur :

           Monsieur de Lamartine je frappe à votre porte.
          Ouvrez-moi, je vous prie, je suis très fatigué.
          Je porte sur le dos une pauvre âme morte
          Et je n'ai plus ni feu, flamme,ni cheminée.
         
          Le siècle où je suis né est froid comme un tombeau.
          Des aigles à face d'homme dévorent les enfants.
          Des fontaines de sang remplissent les ruisseaux
          Et l'on meurt de faim aux quatre continents.

          Moi, j'allais en chantant l'amour et l'amitié
          Persuadé que Dieu me prêterait main forte.
          Mais ni lui, ni ses saints n'ont daigné m'écouter,
           Monsieur de Lamartine, ouvrez-moi votre porte.

          Lorsque j'étais enfant, éperdument j'ai cru
          Aux élans fraternels, à la chaîne d'union
          Le riche aidait le pauvre et pour chaque pied nu
          On tissait des sandales décorées d'un prénom.

          Maintenant il est tard, je pèse mes erreurs,
          Comme il fut dit cent fois, l'homme est un loup pour l'homme.
          Caïn tuant Abel n'était qu'un amateur,
          On a brûlé depuis des pyramides d'hommes.

          Monsieur de Lamartine, je frappe à votre porte.
          Ouvrez-moi je vous prie, je suis très fatigué.
          Je porte sur le dos une pauvre âme morte
          Et je n'ai plus ni feu, flamme, ni cheminée.

     Ce poème écrit par jean-Pierre ROSNAY, le fondateur du Club des Poètes, est à la page 101 de Fragment et Relief, Collection Club des Poètes.