lundi, août 8 2011, 11:43
Confiance
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
Ma vie est bientôt terminée, et plus que jamais j'ai une confiance totale en l'écriture. Comme certains ont confiance en Dieu.
Notre âme d'humains s'est fabriquée avec des voix entendues, aimées ou effrayantes, des senteurs de toutes sortes, des formes à contempler, à toucher ou repousser, des mots à recevoir, capter, renvoyer ou garder en soi; elle a été enseignée, a fait des expériences...
Mais quel que soit l'art en qui l'âme d'un artiste a pu placer sa confiance, il ne doit pas lui être impossible d'exprimer ce qu'elle ressent et veut construire à sa manière - laquelle n'appartient qu'à elle puisque chacun de nous est unique.
5 commentaires
Ouhla. Il va falloir que je relise ça plusieurs fois, mais j'aime pas trop le début.
L'écriture, oui. Mais Flaubert ne disait-il pas que c'était une très belle façon de passer à côté de sa vie?
La musique, oui, mais tout n'est-il pas musique?
Vivre le plus harmonieusement possible n'est-ce pas un art en soi???
Je ne suis plus sûre de rien, je pose juste des questions.
C'est peut-être le seul art dont j'aurais jamais été capable... Pardon!
@ euphrosine : T'inquiète, je peux comprendre. Zappe, et hop !
@ Charlotte : Tchekhov pensait la même chose que Flaubert. Tant d'artistes ont parlé de leur art... on picore ce qu'on veut...
"Harmonieusement", dis-tu ? Je n'ai pas cette ambition, ouf ! Lire, écrire, peiner au piano, m'échiner sur l'anglais, l'allemand, l'italien, voir les amis, en rencontrer sur les blogs et être une vieille pas trop moche, c'est déjà un sacré boulot...
> Je vous construirai une ville avec des loques, moi.
> Je vous construirai sans plan et sans ciment un édifice que vous ne détruirez pas
> Et qu'une espèce d'évidence écumante soutiendra et gonflera,
> Qui viendra vous braire au nez, et au nez gelé
> De tous vos Parthénons, vos Arts Arabes et de vos Mings.
> Avec de la fumée, avec de la dilution de brouillard et du son de peaux de tambours
> Je vous assoirai des forteresses écrasantes et superbes,
> Des forteresses faites exclusivement de remous et de secousses,
> Contre lesquels votre ordre multimillénaire et votre géométrie
> Tomberont en fadaises et galimatias et poussières de sable sans raisons.
> Glas ! Glas ! Glas ! Sur vous tous! Néant sur les vivants!
> Oui! Je crois en Dieu ! Certes, il n'en sait rien.
> Foi, semelle inusable pour qui n'avance pas.
> Ô monde, monde étranglé, ventre froid !
> Même pas symbole, mais néant !
> Je contre! Je contre! Je contre, et te gave de chien crevé !
> En tonnes, vous m'entendez, en tonnes je vous arracherai
> Ce que vous m'avez refusé en grammes!
> Le venin du serpent est son fidèle compagnon.
> Fidèle ! Et il l'estime à sa juste valeur.
> Frères, Mes Frères damnés, suivez moi avec confiance;
> Les dents du loup ne lâchent pas le loup,
> C'est la chair du mouton qui lâche.
> Dans le noir, nous verrons clair, Mes Frères!
> Dans le labyrinthe, nous trouverons la voie droite!
> Carcasse ! Où est ta place ici ?
> Gêneuse! Pisseuse! Pots cassés! Poulie gémissante !
> Comme tu vas sentir les cordages tendus des quatre mondes !
> Comme je vais t'écarteler !
Contre, La nuit remue, Henri MICHAUX
Merci, Kart ! Tu sais comme j'aime Michaux. Il était jeune quand il a écrit ce texte. On sent cela, comme on le sent chez Lautréamont... J'aime aussi la sagesse fataliste de certains vieux (je pense à Omar Khayyam). Et "même si c'est vrai, c'est faux". (H.M.)