samedi, mai 28 2011, 00:37
"Belle d'Amherst" au Lucernaire - bientôt j'espère...
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
Une lecture publique autour de la vie d'Emily Dickinson était programmée au Lucernaire le 26 mai à 14:30. j'y suis allée - tout ce qui touche Emily Dickinson m'intéresse - m'attendant au pire à cause du titre de la pièce :"Belle d'Amherst". Car justement Emily Dickinson n'a jamais été belle. Donc, ça commençait mal à mon avis. Mais on allait voir. Or, la jeune femme, Natalie Boutefeu, qui seule en scène "était" Emily, a été extraordinaire de simplicité, de spontanéité : de justesse.
Beaucoup de gens ont entendu parler d'Emily Dickinson, elle a été traduite par un nombre considérable de personnes, mais peu éprouvent le besoin de la lire. D'ailleurs, en France, le public lit peu les poètes, et Emily Dickinson moins que les autres. Or je peux assurer que même ceux qui ne savent rien d'elle se régaleront à l'écouter "parler" (c'est une pièce de William Luce qui a été jouée, si je ne me trompe dans les années 70 aux Etats-Unis, dirigée ici par Fred Wiseman) et retrouveront en la comédienne Natalie Boutefeu toutes les facettes de la dite "recluse d'Amherst" : sa passion pour l'écriture et pour les hommes qui pourraient la comprendre - passions également contrariées - sa timidité de fille jamais complimentée, son humour corrosif, son charme.
Je ne me suis pas ennuyée une seconde, et n'ai jamais eu l'impression qu'on voulait faire d'Emily Dickinson une sainte, ni une folle, ni une extraterrestre de génie - toutes choses qui m'agacent souvent dans les livres qui lui sont consacrés. Aborder la vie et l'oeuvre (délicatement entremêlés) de la plus grande poétesse américaine du XiXème siècle sans lourdeur est véritablement un exploit. J'insiste : un exploit.
Naturellement, j'ai applaudi de toutes mes forces, ai crié "bravo !" comme beaucoup d'autres, et suis sortie de la salle cherchant à qui je pouvais exprimer mon enthousiasme. Je vois un monsieur encore bien jeune malgré ses cheveux blancs, lui communique volubilement mes impressions, et lui parle de mon désir de rencontrer le directeur du Lucernaire pour le convaincre que cette pièce sera un succès. Il répond en souriant :" C'est moi. Ne vous inquiétez pas. La pièce m'a beaucoup plu aussi. J'ai l'intention de la programmer. Et je vois que vous saurez en faire la promotion autour de vous..."
Chose faite, donc.
Ensuite, il a été question d'un travail que l'épouse du directeur préparait autour de Virginia Woolf. Occasion unique, peut-être de prendre contact avec un écrivain qui m'a toujours en quelque sorte filé entre les doigts... Déjà, j'ai sorti La promenade au phare de l'étagère. Bonsoir, Emily; bonjour, Virginia.
8 commentaires
J'imagine que, comme tu as lu Emilie, tu liras Virginia, virevoltant, peinturlurant pas moins d'une dizaine de livres : le texte orignal en langue anglaise et 3 traductions françaises et 2 dictionnaires anglais et 2 grammaires anglaises et autant de grammaires et dictionnaires français.
Je me rappelle il y a quelques années ton indignation dans Mrs.Dalloway de ce narrateur indécent, volant de pensées en pensées parmi personnages et passants comme toi de grammaires en dictionnaires. Mrs.Dalloway. Holmes. Smith. Une passagère d'autobus. Un monsieur bien. Une concierge.
Et je me suis étonné, récemment, de te voir louer le même procédé, que pourtant j'avais trouvé moins élégant, plus mécanique (là où chez Woolf il était fluide et servait et ne me gênait pas), dans Libido Omnibus, lorsqu'avec le narrateur nous traversons les pensées de l'analysé pour se porter dans celles de l'analysant, prononçant doublement les non-dits du divan.
C'est beau et enthousiasmant ce que tu écris ! Belle promotion en effet... ! Reste à guetter où ça va se jouer...
Oui, cher Kart, je crains qu'il ne me faille faire l'effort de lire Viriginia Woolf en anglais, car justement ce que je lis dans le début de "La promenade au phare" manque de fluidité, et je ne sais si c'est dû à la traduction ou à la personnalité de l'auteur. On verra bien.
Ce ne sont ni les dictionnaires ni les grammaires qui me manquent (et si je veux, il y a les bibliothèques de Pompidou et de Mitterrand) mais la ténacité. Rappelle-toi que dans "Peut mieux faire", il y a "Ma pierre philisophale"... Peut-être l'ai-je mis ici, dans ce blog, car c'est un texte que j'aime bien...
Es-tu sûr que ce soit moi qui me suis indignée, dans Mrs Dalloway ? ! ? !
De toute façon, ce qui me plaisait dans "Libido Omnibus" c'est que le livre fût écrit par un "grand" psychanalyste - qui avait enfin envie de s'amuser - et non par un "écrivain" proprement dit, si tu vois ce que je veux dire.
Avant de te souhaiter une bonne nuit, caro Kart, je te dis de courir - si ce n'est déjà fait - voir l'expo des frères Dufy. (Je ne savais pas que Raoul Dufy avait une frère !) C'est beau et rafraîchissant. Ce musée Marmottan est bien joli, presque qu'aussi gai que la Fondation Maeght.
Voyons, Kitty, je ne dis que ça ! Cela va être joué au théâtre du Lucernaire ! Mais quand ? Mystère.
Lika, J'ai pensé à toi au Marché de la poésie hier, vu des tas de gros livres sur ED. J'attends le tien !
Je l'attends aussi, Jacqueline. Sans jamais me forcer. Emily Dickinson fera peut-être partie d'un autre travail, qui devrait m'occuper plus qu'il ne le fait, change-t-on jamais... Voilà pourquoi je ne suis pas allée au Marché de la poésie.
Par contre, la veille au soir, j'ai eu l'occasion de dire trois poèmes de Shizue au café de la Mairie, place St Sulpice, justement. Ils ont plu. Shizue Ogawa, tout comme Keith Barnes, plus on la lit, plus on l'aime. J'avais amené le livre que tu as fabriqué avec Michèle Duclos. "Une âme qui joue", ça vous rape l'âme, ce titre, quand on découvre les poèmes de Shizue. L'as-tu vue ?
Ni l'une ni l'autre n'était là. Ce que c'est beau ce que tu dis sur KB et SO. Et je suis d'accord. Lika, tu me manques. Je t'embrasse.
@ Jacqueline : Il était très tard, hier soir quand je suis venue sur mon blog. Et je ne retrouve pas ce que je te disais, surprise et émue que tu dises "tu me manques" .
J'ai dû oublier d'indiquer Envoyer.