Les échanges entre certains de mes proches et moi... Une détermination inconsciente  à geler on ne sait quels sentiments au fond de soi - ou de l'autre - tuant toute germination libre, créatrice.
On peut en mourir, voilà ce que je me dis. Gelé par ce gel devenu réciproque, puissant, impossible à atteindre, enrobé de paroles apparemment réconfortantes, sans portée. Chacun couvant son effondrement - enkysté - tandis que se poursuivent tant bien que mal ces conversations où l'on marche sur des œufs avant de les écraser - ou de fuir.
D'où me viennent ces pensées ? D'un livre, probablement, Gel, de Thomas Bernhard, et surtout d'un cancer, chez un jeune homme qui me tient à cœur. La tumeur était dans la tête, grosse comme un œuf; entourée de nombreux vaisseaux sanguins qui en empêchaient l'accès; tumeur et vaisseaux se nourrissant mutuellement, m'a-t-on dit. Et pour cela, inopérable, fatal.
Je VEUX donc maintenant ce qui a sauvé - contre toute attente - le jeune homme. Je veux des paroles radioactives, des perfusions courageuses. Et plus jamais ces "échanges" lâches, sans vérité. Je me demande si c'est possible.