dimanche, avril 17 2011, 00:39
De certains échanges
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
Les échanges entre certains de mes proches et moi... Une détermination inconsciente à geler on ne sait quels sentiments au fond de soi - ou de l'autre - tuant toute germination libre, créatrice.
On peut en mourir, voilà ce que je me dis. Gelé par ce gel devenu réciproque, puissant, impossible à atteindre, enrobé de paroles apparemment réconfortantes, sans portée. Chacun couvant son effondrement - enkysté - tandis que se poursuivent tant bien que mal ces conversations où l'on marche sur des œufs avant de les écraser - ou de fuir.
D'où me viennent ces pensées ? D'un livre, probablement, Gel, de Thomas Bernhard, et surtout d'un cancer, chez un jeune homme qui me tient à cœur. La tumeur était dans la tête, grosse comme un œuf; entourée de nombreux vaisseaux sanguins qui en empêchaient l'accès; tumeur et vaisseaux se nourrissant mutuellement, m'a-t-on dit. Et pour cela, inopérable, fatal.
Je VEUX donc maintenant ce qui a sauvé - contre toute attente - le jeune homme. Je veux des paroles radioactives, des perfusions courageuses. Et plus jamais ces "échanges" lâches, sans vérité. Je me demande si c'est possible.
6 commentaires
Comme tu as raison, et c'est possible, mais nous sommes si peu habitués. Parce que nous sommes tremblants, nous avons peur d'un tas de choses, et surtout de notre ombre. C'est dommage qu'on ne nous apprenne pas davantage à nous lancer, même sans filet. Il faudrait avoir la légèreté d'un oiseau.
Toi, Kitty, tu as cette légèreté d'oiseau. Et je serais peinée que les bouddhistes t'huilent un peu trop les plumes... T'ont-ils connue "avant" ? Ne t'ont-ils pas dit que déjà, tu savais les choses qu'ils enseignent, et davantage ?
Lacan, dans son séminaire sur la lettre volée, évoque cette histoire juive du dépouillemeent en illustration de la relation du signifiant à la parole;"pourquoi me mens-tu en me disant que tu vas à Cracovie pour que je croie que tu vas à Lemberg, alors qu'en réalité c'est à Cracovie que tu vas?" ... J'adore cette histoire. Et aussi qu'est-ce que je suis contente de ce "contre toute attente! Je t'embrasse.
Merci, Charlotte, d'être passée. Moi aussi, j'adore cette histoire juive !
En effet, le contre toute attente m'a fait plus que plaisir...
Et quelle justesse dans ces réflexions.
Hello, Pivoine ! Je suis toujours heureuse de te trouver ici. J'ai écrit : "contre toute attente", car espérer n'est pas attendre...
Une chose m'avait soutenue quand j'étais infirmière. Mon beau-frère toubib m'avait dit qu'un cancer sur cent guérissait, de façon inexplicable, et à n'importe quel stade. Voilà pourquoi, pour chaque malade, je gardais - et garde encore - espoir. C'est la deuxième fois, que dans ma vie, arrive ce miracle.