mercredi, mars 30 2011, 18:12
Décevantes "Pensées"...
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
J'ai ouvert par hasard les "Pensées" de Pascal à la section VI : Les philosophes. Ah, quel raseur : un prédicateur qui n'a que le mot "grandeur" à la bouche. Or, justement, je l'imaginais plus GRAND, ce Pascal - au point qu'après le lycée, je ne me suis jamais risquée à le lire...
La poule qui vient de déterrer un ver me semble plus innocente, son contentement plus sympathique, c'est vous dire.
Je pourrai vous offrir, si vous me le demandez, quelques exemples tirés de ce que je viens de lire, mais pas aujourd'hui. La pluie m'attend, et mon cabas vide.
3 commentaires
Je ne me souviens pas très bien, mais je trouvais ses textes tellement percutants et intelligents que je déclarais que c'était mon premier amour, il faut que je revoie tout ça !!
Mireille
@ Mireille : Je n'en reviens pas ! Blaise Pascal, ton premier amour !! Est-ce parce que tous deux, vous étiez mathématiciens ? Mais Omar Khayyam était un grand savant, et grand par sa modestie.
Dès la 1ère "Pensée" du ch. "Les philosophes", j'ai froncé les sourcils :
339 : "Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête (car ne n'est que l'expérience qui nous apprend que la tête est plus nécessaire que les pieds). Mais je ne puis concevoir l'homme sans pensée : ce serait une pierre ou une brute."
(Or une brute a des pensées. Pourquoi n'en aurait-elle pas?)
Et ceci : 346 : "Pensée fait la grandeur de l'homme."
(Drôle, puisqu'il écrit ses "Pensées" : il se trouve donc grand... Moi je trouve que c'est plutôt la compassion, la générosité, la loyauté, qui sont grands; mais "la pensée !" Il y a tant de réserves à faire dès qu'on emploie ce mot... )
Bon. Après moult "Pensées" gratinées, on arrive à la fameuse 358 :
"L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête." (C'est enfin excellent,car on sent qu'il sait de quoi il parle... Comme quand il dit : "L'éloquence continue ennuie." P. 345)
Mireille, un petit dernier, la "pensée" 349 :
"Les philosophes qui ont dompté leurs passions, quelle matière l'a pu faire ?" (Mais on peut dire aussi la même chose de ceux qui n'ont pas dompté leurs passions, non ?...)
Dommage, je n'ai pas pu te copier les plus agaçantes : trop long. Deux me plaisaient, quand même. Tu dois avoir les Pensées chez toi, puisque c'est ton premier amour ! Tu iras voir ? Bisous tout plein. Et pardonne-moi si je t'ai rasée !
Tiens, Mireille, la pensée 359, je l'ai trouvée intéressante :
"Nous ne nous soutenons pas dans la vertu par notre propre force, mais par le contre-poids de deux vices opposés, comme nous demeurons debout entre deux vents contraires : ôtez un de ces vices, dans tombons dans l'autre."
Mon livre des "Pensées" est décollé sur la tranche. Je vais le recoller - avant de le remiser...
En attendant, je cherche "Remarques mêlées", de Wittgenstein. Je suis sûre que c'est la lecture des "Pensées" de Pascal qui m'en donné l'envie, bien que ce dernier assure (pensée 370) : "Hasard donne les pensées, et hasard les ôte ; point d'art pour conserver ni pour acquérir." (Est-ce hasard que je pense aussi au livre de la comtesse de Ségur : "Pauvre Blaise" ?)