mercredi, décembre 29 2010, 00:51
Un art, poème d'Elisabeth Bishop
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître;
tant de choses semblent si pleines de l'envie
d'être perdues que leur perte n'est pas un désastre.
Perds chaque jour quelque chose. L'affolement de perdre
tes clés, accepte-le, et l'heure gâchée qui suit.
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître.
Puis entraîne-toi, va plus vite, il faut étendre
tes pertes : aux endroits, aux noms, aux lieux où tu fis
le projet d'aller. Rien là qui soit un désastre.
J'ai perdu la montre de ma mère. La dernière
ou l'avant-dernière des trois maisons aimées : partie !
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître.
J'ai perdu deux villes, de jolies villes. Et, plus vastes,
des royaumes que j'avais, deux rivières, tout un pays.
Ils me manquent, mais il n'y eut pas là un désastre.
Même en te perdant (la voix qui plaisante, un geste
que j'aime) je n'urai pas menti. A l'évidence, oui,
dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître
même s'il y a comme (écris-le) comme un désastre.
Traduction d'Alix Cléo Rouaud,
Linda Orr et Claude Mouchard
J'aime ce poème depuis plusieurs années. Beaucoup de mes amis en ont reçu une copie et l'ont aimé. C'est au Club des Poètes que je l'ai entendu dire la première fois.
8 commentaires
En effet. Un poème authentiquement réaliste! Très joli poème.
Très beau poème en effet.
@ Charlotte et Kitty : Heureuse que vous ayez apprécié ce poème. Merci.
bonne fin d'année ma Lika, et gros bisous pour Philippe et toi
Beau poème. Bonne année à toi et ton chevalier à bientôt
@ Boutfil : Oh, merci d'avoir pensé à nous ! Bisous de Bonne Année, à toi charmante patronne, et à ton Dominique !
Et excuse ce retard à venir sur l'ordi : mon héros a eu la gastro la plus expressionniste jamais vue, entre le matin du 31 et ce matin où encore tout flageolant, il est allé réparer la porte du frigo ! Sûr que demain il va aller travailler ! Ah, 2011 a commencé très fort !
A mardi ! Et re-smack !
@ Sarchlo : Ouais, mais mon chevalier est un malade désobéissant. On est quand même arrivé, grâce eux compétences magiques de nos proches, à le remettre sur pied en 36 heures : ouf ! J'en transpire encore ! Au point de presque oublier de te souhaiter... une excellente année 2011, à toi, à Maryvonne et aux enfants : grands et tout-petits ! A tous : bisous !
Aucun rapport avec ton poème; juste un coucou chez toi pour te souhaiter la Bonne Année avec tout plein de bonnes choses pour toi et les tiens !
bisous
@ Corto : Voilà un petit moment qu'on se connaît , hein ? Eh bien, merci pour la gentillesse que tu as toujours pour nous tous sur ton blog. Voilà ce que j'ai à te dire pour 2011. Des vœux, bien sûr, de santé, de sérénité, de pognon minimum pour éviter le flip - de créativité, aussi ! Bisous bien amicaux.