Que j'écrive ou n'écrive pas, je déteste qu'on me demande si j'écris.
C'est comme si on me demandait si je vais régulièrement "à la garde-robe" comme on disait du temps de Voltaire - lequel adorait parler de ses boyaux, notamment au roi de Prusse, à qui il demandait de lui envoyer des médicaments.
Et notre Frédéric II de lui répondre, le 5 II 1749 : "Il y a de quoi purger toute la France avec les pilules que vous me demandez, et de quoi tuer vos trois académies."
Si je commence à lire la correspondance de Voltaire, je perds de vue mon sujet. Tant mieux. Écoutez plutôt ceci : "Pardon, pardon, mon cher maitre, vous m'avez demandé des glaires [Voltaire parle au Professeur Théodore Tronchin]. J'en ai au service de la Faculté. Je n'ai pu en conserver qu'une très petite partie, par des opérations très humiliantes pour la nature humaine. Mais il ne faut pas rougir de la nature. Vous savez assez que le dedans est toujours dégoûtant, si, quelquefois, le dehors est agréable. Comment puis-je être continuellement empoisonné par tant de glaires dans les entrailles, lorsque je ne mange ni viande ni poisson ?"
Bref, je voulais déclarer ce soir que me demander si j'écris en ce moment me semble plus désagréablement inquisitif que le :"Did you open your bowels ?" qu'une amie opérée en Angleterre s'est vu demander un matin par une infirmière pragmatique. Bonne nuit.