jeudi, octobre 21 2010, 00:48
"Tu as écrit, ces derniers temps ?"
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
Que j'écrive ou n'écrive pas, je déteste qu'on me demande si j'écris.
C'est comme si on me demandait si je vais régulièrement "à la garde-robe" comme on disait du temps de Voltaire - lequel adorait parler de ses boyaux, notamment au roi de Prusse, à qui il demandait de lui envoyer des médicaments.
Et notre Frédéric II de lui répondre, le 5 II 1749 : "Il y a de quoi purger toute la France avec les pilules que vous me demandez, et de quoi tuer vos trois académies."
Si je commence à lire la correspondance de Voltaire, je perds de vue mon sujet. Tant mieux. Écoutez plutôt ceci : "Pardon, pardon, mon cher maitre, vous m'avez demandé des glaires [Voltaire parle au Professeur Théodore Tronchin]. J'en ai au service de la Faculté. Je n'ai pu en conserver qu'une très petite partie, par des opérations très humiliantes pour la nature humaine. Mais il ne faut pas rougir de la nature. Vous savez assez que le dedans est toujours dégoûtant, si, quelquefois, le dehors est agréable. Comment puis-je être continuellement empoisonné par tant de glaires dans les entrailles, lorsque je ne mange ni viande ni poisson ?"
Bref, je voulais déclarer ce soir que me demander si j'écris en ce moment me semble plus désagréablement inquisitif que le :"Did you open your bowels ?" qu'une amie opérée en Angleterre s'est vu demander un matin par une infirmière pragmatique. Bonne nuit.
6 commentaires
L'ennui c'est quand le dehors devient aussi dégoûtant que le dedans.
J'ai toujours admiré Voltaire. Je vous envie pour ce livre de correspondance.
Dans mon livre de français, l'élève qui le détenait avant moi, lui avait fait les cornes du diable.
C'était irrésistible, ce portrait d'un jeune homme au regard audacieux, à la bouche spirituelle, orné des cornes du diable. C'est devenu illico mon héros !
@ Dame Putzi Ouane, l'intraitable "voussoyeuse" sur blog (j'assume mon néologisme) : Tu dis, "L'ennui c'est quand le dehors devient aussi dégoûtant que le dedans". Exactement ce que je pensais en lisant ce passage, car je venais d'apprendre, par ton héros lui-même, qu'il ne lui restait guère que deux dents en bouche à cause de son scorbut. Forcément, à ne manger que des biscuits - trempés, je suppose... Mais t'inquiète je vais commander ce livre pour toi chez Gisela. Impossible de me résoudre à me séparer du mien. Que ceux qui ont envie de l'acheter me sifflent.
tu te sens mieux????
Bonne pioche, Boutfi...l ! Réponse : "Ca ne va pas plus mal". Phrase qu'entendaient les médecins à St Eteinne, paraît-il, et qui signifiait qu'ils allaient mieux. Chez moi, ça signifie que si je ne cherche pas autre chose qu'aller et venir, en m'allongeant dans l'intervalle, ça roule. Radios en cours. L'épicerie sociale me manque. J'aime bien. Avez-vous un divan là-bas ?
Et toi Boutfil ? Ca va ? Je vais aller faire un tour sur ton blog avant de me coucher, pour tâter la température. Bises.
Très intéressant texte et tu oses me demander si je peints ou si je visite d'autres blogs ... Comme quoi il suffit parfois d'attendre pour que les réponses viennent toutes seules sans qu'on aille les chercher. Comme tu ne le sais pas nous revenons d'Israël où nous avons été à un superbe mariage, accompagnés de 800 convives (l'avantage c'est qu'on passe incognito) et je reviens de Prague à l'instant pour le boulot; à la lecture de mon blog je vois ton message et je me dis "tiens allons voir ce qu'il y a dans son blog", je parlai de toi bien entendu et là .... Tu me donnes la réponse à ta question donc mille fois merci à Voltaire. Quant à mes boyaux ils vont bien. Bises à vous 2.
@ Sarchlo : Fallait pas me promettre "Marraine" peinte genre Bottero. Quand on promet, on tient. Tu as aussi mauvais caractère que moi, pauvre de toi. On a de la chance d'avoir trouvé toi ta Maryvonne, et moi mon Phil... !