Poème 1727 (non daté)
Sometimes with the Heart
Seldom with the soul
Scarcer with the might
Few - love at all

Parfois avec le Coeur
Peu souvent avec l'âme
Plus rarement encore avec force
Peu - aiment en fait

J'ai repris nos traductions d'une cinquantaine de poèmes d'Emily Dickinson. Le bonheur. Mais cuisant.  Voilà pourquoi "je n'alimente pas mon blog", comme on me le fait remarquer.
Barbara qui a travaillé avec moi me laisse sans nouvelles. Tant pis, je continue toute seule. Avec ça, même pas bonne en anglais. Obligée de charcuter chaque vers avec l'aide de mes dictionnaires... Mais la facilité est "glissante" alors que mes manques me font des myriades de clous aux souliers.
Le dernier vers du poème 591 nous avait donné bien du fil à retordre. Et aujourd'hui je cherche encore. Je n'ose pas vous embêter avec le poème tout entier.  Il commence ainsi :
I heard a Fly buzz - when I died -

et, la Mouche, s'interposant entre la lumière et elle, le poème  se termine par
I could not see to see -
Notre Je ne pus voir pour voir - ne me plaisait pas. On a tellement envie de deviner le sens sans rien fausser... Françoise Delphy a traduit ce vers par Je ne vis plus assez pour voir -  Elle vient de faire éditer chez Flammarion, en bilingue - un livre magnifique - les 1789 poèmes d'Emily Dickinson ! Un cadeau inestimable, car chaque traducteur avait, soit sa propre numérotation, soit celle de Johnson, soit celle, plus récente, de Franklin, soit pas de numéro du tout.  Un vrai labyrinthe.
Patrick Reumaux, grand spécialiste d'Emily Dickinson, s'était décidé pour Et j'ai perdu la vue de vue - Pierre Leyris (un grand, aussi) : Je perdis le pouvoir - de voir - Et moi, mosquito, je me risque à écrire : Je n'ai plus vu comment voir - Je me demande ce qu'en penserait Barbara, Barbara Bergerac qui, m'a-t-ton dit, est sur Face-Book... (Je ne suis pas sur Face-Book : pas commode...) Help !

Et pardon de vous avoir embêtés avec tout ça. Les puissants antalgiques font leur effet. J'arrive à tenir assise une heure ou deux, mais peut-être qu'écrire ce billet, c'est dérailler un peu ?

P.-S. :Eh ! Je me suis dit tout à coup que dans "Car l'adieu, c'est la nuit", choix de poèmes traduits par la non moins grande Claire Malroux, édité en bilingue par Poésie/Gallimard, je trouverais probablement I heard  a Fly - when I died - En effet. Claire écrit pour le dernier vers :
Je perdis le pouvoir - de voir - Pas mal, non ? (Mais que penserait Emily de nous tous ?)
Pas évident, hein, tout ça... Je file "m'étendre", comme disait maman. Et merci pour ceux qui sont arrivés jusqu'au bout de ce billet.