mardi, août 31 2010, 21:23
Je me souviens...
Par Lika Spitzer - Textes de jeunesse - Lien permanent
Lans ne m'aimait guère - ne pouvant mieux faire. Je me souviens du temps où je bordais (mélancolie) ce grand lit poussiéreux rue du Bac... La seule chose belle était un film de Dreyer en noir et blanc, et aussi cette ville - Paris. L'été venait, mais il planait tel un cerf-volant dans le ciel - loin des yeux. Restaient les livres dans les renfoncements des rayons.
Je descendais faire les courses - il faisait lourd. Août murait les devantures de bois et de fer; la chaussée, les trottoirs, étaient vides, les arbres des quais tout au bout remués en rêve... Je ne pensais pas au bonheur en ce temps-là mais seulement, par jeu presque sans conséquence, à mourir.
8 commentaires
Paris écrasé sous la chaleur et la rue du Bac éperdue dans le vide de sa désertion, — on ne sait pas l’âge de cette Lika qui marche derrière ses rêves d’amour, qu’un grand lit poussiéreux ne saurait promettre. L’été n’en finit pas. C’est toujours la même chose. Tout est loin. Même nous, — maintenant.
Etrange, comment peut-on penser à mourir au mois d'août à Paris ?
@ Larry : C'était un très vieil appartement déjà poussiéreux quand j'ai été invitée à y vivre. Pour moi, la poussière, en ce temps-là, c'était comme avoir des yeux noirs ou bleus : certains en avaient, d'autres pas, je le notais en passant. On ne m'avait rien appris. Seuls mes papiers disaient que j'étais majeure.
@ Corto : Détrompe-toi, Cortino. En août et à Noël, il y a beaucoup de suicides. Les amis sont loin.
ça va pas la tête??? C'est vrai que des fois, on est seul, TRES seul. Mais en cherchant bien, les amis ne sont pas si loin que ça: suffit de leur demander! Suffit d'appeler à l'aide, même dans le désert. C'est deux types qui se croisent, dans le désert, l'un appelle l'autre: hé! YOU! Et l'autre: who, ME??? je t'embrasse, ma Lika
@ Charlotte : Je ne parle pas nécessairement de moi, carina Charlotte. Je suis toujours en vie que je sache. L'écriture, c'est la vitamine D de l'âme - et son calcium !
Quant au texte lui-même, il appartient au passé. C'est écrit en rouge : "Textes de jeunesse" ! Alors, du calme, Charlotte...
Enfin, aux Urgences, tout le monde a l'expérience des TS d'août et de Noël. Bises, et travaille ton piano.
@ Larry Fleyt : C'est toujours agréable de te lire. Même hors-écriture si je puis dire
Si seulement je pouvais avoir écrit de tels textes de jeunesse... Désespéré peut-être, mais quelle élégance...
Merci, Pivoine. (La pivoine est ma fleur préférée, surtout quand elle a cette teinte rose pâle, comme les maison blanches à l'aurore.)