J'ai essayé plusieurs dizaines de systèmes pour me battre contre ma paresse. En vain. Chaque système avait pendant un temps sa petite efficacité mais à chaque nouvelle vague de paresse il fallait tout recommencer, tout réédifier qui s'écroulait toujours.
Ce matin l'idée m'est venue, puisque toutes mes matinées sont habitées par des remords de plus en plus grands à mesure que passent les heures sans que j'écrive une ligne ni ne corrige ou tape quoi que ce soit, l'idée m'est venue de m'interdire le travail d'écriture le matin.
L'effet a été extraordinaire. Car à midi moins cinq j'ai peu enfin être contente de moi, le premier matin depuis longtemps où j'aie réussi à m'obéir. Par cette méthode j'espère parvenir à couper aux remords qui, comme les édredons qu'on veut coincer dans une valise trop petite, tentent si je n'ai pas écrit le matin, de déborder sur l'après-midi, sur la journée entière voire.
Confiante dans ma nouvelle méthode de travail, j'ai passé ce matin plusieurs heures couchée à lire La chute, un crayon à la main pour souligner les passages que je trouvais pertinents, délassement studieux bien agréable. J'ai espoir dans l'innocence de l'après-midi qui s'annonce. Depuis vingt minutes déjà, je travaille à un texte où il est question de valises, d'édredons et se systèmes contre la paresse. Je suis tout à mon affaire.