jeudi, juin 3 2010, 20:12
Un petit pas ?
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
Certaines fois, on dirait que je n'ai pas envie d'être contente de moi. Je ferais volontiers les tâches que je me suis assignées, mais voilà, je ne les fais pas. Une sorte de mauvaise volonté venue du tréfonds de mon être, commence à croître, à me monter dans l'esprit comme une algue maléfique; et si je n'oppose rien à cette prolifération, bientôt toute velléité d'action se trouve étouffée.
Je dois donc faire très attention. Aujourd'hui, il me reste quelques heures pour nettoyer la salle de bains, lui donner cette rutilance reposante - reposante d'avoir chassé la culpabilité devant un lavabo terni, des miroirs tachés de coulures - quelques heures pour m'asseoir à la petite table encombrée de livres d'allemand tout près du lecteur de DVD où je vais pouvoir écouter mes leçons, quelques heures pour aller travailler mon piano.
Il me faut arrêter la prolifération de ces algues maléfiques et accomplir tout ce dont je viens de parler, fût-ce dans le désordre, car je sais que ces questions de priorité se voient vite, elles aussi, encombrées d'algues...
Bien sûr, il a raison, Baudelaire, quand il dit que travailler est moins ennuyeux que s'amuser. Or je ne m'amuse même pas. Et il ne dit rien des processus de la décision - si bizarrement enrayés chez moi : malformation que l'écriture s'échine depuis combien d'années à réparer...
Il n'y a pas si longtemps, je déclarais, tout fière, que le courage, lui aussi, est enfant de Bohême. C'est peut-être vrai, puisque certains jours, on en a, et certains autres, pas - et on ne sait pas pourquoi. Mais justement - je le découvre à l'instant - quand on n'a pas de courage, c'est là qu'intervient... la vertu de courage. Ai-je enfoncé une porte ouverte ?
Je dois donc faire très attention. Aujourd'hui, il me reste quelques heures pour nettoyer la salle de bains, lui donner cette rutilance reposante - reposante d'avoir chassé la culpabilité devant un lavabo terni, des miroirs tachés de coulures - quelques heures pour m'asseoir à la petite table encombrée de livres d'allemand tout près du lecteur de DVD où je vais pouvoir écouter mes leçons, quelques heures pour aller travailler mon piano.
Il me faut arrêter la prolifération de ces algues maléfiques et accomplir tout ce dont je viens de parler, fût-ce dans le désordre, car je sais que ces questions de priorité se voient vite, elles aussi, encombrées d'algues...
Bien sûr, il a raison, Baudelaire, quand il dit que travailler est moins ennuyeux que s'amuser. Or je ne m'amuse même pas. Et il ne dit rien des processus de la décision - si bizarrement enrayés chez moi : malformation que l'écriture s'échine depuis combien d'années à réparer...
Il n'y a pas si longtemps, je déclarais, tout fière, que le courage, lui aussi, est enfant de Bohême. C'est peut-être vrai, puisque certains jours, on en a, et certains autres, pas - et on ne sait pas pourquoi. Mais justement - je le découvre à l'instant - quand on n'a pas de courage, c'est là qu'intervient... la vertu de courage. Ai-je enfoncé une porte ouverte ?
10 commentaires
Lika,
Pourquoi ces leçons d'allemand ? Trop curieuse la "colibri"..
Moi, j'avais bien essayé de m'y mettre parce que je lisais des traductions de Freud et
bien sur certains mots étaient retranscrits dans la langue. Alors, je m'étais procuré
une méthode, pour apprendre...Et puis , la vraie raison, c'est que j'aime cette
langue qui est pour moi celle des mots d'amour... Oh, la nostalgie n'est
pas loin, je vais aller nettoyer ma cuisine moi.. A plus tard
Il me semble que le courage commence déjà au moment où on VOIT le lavabo terni, les coulures sur la glace, etc.
Moi qui n'ai aucun courage pour nettoyer les vitres, trois mois après qu'elles aient été nettoyées, je décide encore qu'elles sont propres, et même la voisine d'en face qui n'arrête pas de nettoyer ses vitres sous mon nez, comme pour me narguer, n'arrive pas à changer la vision que j'ai des miennes.
je t'ai rajoutée sur mes liens....
bises
Heureusement que je viens de faire un tour sur mon ordi avant de me coucher ! Les trois commentaires, c'est la même surprise que les oeufs de Pâques qu'on cherche, enfant, dans le jardin, sans être sûr d'en trouver... J'en ai trois ce soir ! Petit bonheur.
@ Colibri : Ca me fait plaisir que tu me dises que l'allemand est pour toi la langue des mots d'amour. C'est ma langue maternelle. et Maman, c'était Mama. Alors, comme pour le piano, j'ai décidé de terminer ma vie par là où je l'ai commencée. Le mieux possible. Car, quand j'y pense, toute ma vie n'a été qu'une lente cicatrisation - souvent empêchée, d'ailleurs... L'idéal, pour apprendre une langue quand on ne voyage pas, c'est de trouver plusieurs personnes, et ensemble de trouver un prof qui veuille bien gagner quelques sous en dehors des institutions... Mon amie Rosie a ait ça avec le chinois.
@ Putzi Ouane : Hélas non, Putzi Ouane, "voir" ne me suffit pas. Je viens de comprendre qu'il est important pour moi de ne pas attendre que le courage revienne, car ce sont dans ces moments d'"arrêt" que se développent ces algues paralysantes dont je parlais. On peut aussi penser aux moisissures qui se développent dans les eaux stagnantes... Cela dit, il y a des choix. Mon amie écrivain Jacqueline ne repasse jamais rien. Elle m'a dit ça hier. J'étais éblouie. Entourée de personnes qui repassent tout, je me sentais une étrangère. Je lui ai dit : "Tu ne sais pas le plaisir que tu me fais !" Ses draps qui sont en coton mélangé ne se froissent pas, et son homme repasse ses chemises. Un grand homme.
@Boutfil : Je vais faire pareil ! Aidée demain après-midi par mon "homointernetatus". Car le matin dès 9:30 je suis rue d'Iéna pour l'allemand, tandis que mon héros va fourrer les deux chats dans leur panier, direction le véto pour les vaccinations annuelles. Quatre chauffeurs de taxi sur cinq refusent : allergiques aux chats ! (J't'en foutrais...) Et notre véto ne travaille ps tous les samedis. A demain, Boutfil. J'irai me promener... sur les blogs des copains. Bisou.
Je ne sais pas pourquoi, mais à la lecture de ce billet, j'aurais écrit "miroirs tachés de larmes " ou "miroirs tachés par nos sourires " plutot que de coulures, je n'aime pas ce mot :) , ça m'est venu ainsi.
bisous
Justement, cher Corto, j'essaie toujours d'éviter la sentimentalité et d'écrire juste les choses comme elles sont. Les métaphores ne sont là que pour préciser une impression, pour en rendre compte les plus exactement possible. Or, elles n'étaient pas belles ces coulures, près de la poignée, le long du grand miroir, qui ferme un des versants du placard qui va jusqu'au plafond. Peut-être une main savonneuse cherchant qui sait quoi ? A tout à l'heure, ami. (Avant ma sieste, j'ai pris le pli de regarder s'il n'y a pas de messages, et d'y répondre en priorité.. : je t'imite, messire Corto ! Je te plains (et t'envie, pardi) toi qui a des quarante commentaires ! Quelle responsabilité ! Et tu assumes. L'autre, pour toi, existe et tu le respectes. Jetz muss ich schlafen...
Eh bien, il y a du monde par ici ! je vais me glisser sur le canapé et essayer d'attraper une tasse de thé. Hum, il reste une corne de gazelle dans la coupelle. Vite, personne ne regarde... je crois que les pâtisseries orientales donnent du courage.
Hou là là, Kitty ! si tu te glisses sur le canapé, tu risques de t'asseoir sur Nora qui, en boule, ressemble à un coussin. Mais pour le thé tu tomberais mieux : je viens d'acheter un sachet de Chandernagor (d'enfer ! mais certains détestent) et un sachet de thé vert au gingembre - que je n'ai pas encore essayé. Hélas, point de cornes de gazelle, mais de délicieux biscuits suédois que m'a offerts Ulla, ma prof de piano. Et tout ce qui vient d'elle donne du courage. Tu l'aimerais beaucoup.
Yé :! tu me plais toi ...
Je débarque chez toi après t'avoir lu chez mon Pierrot des pwassons.
Je te lis... je suis intéressée puis conquise... En plus je vois ma copine Boutfil. Tu causes allemand et tu joues du piano. Ma fille chérie veut enseigner l'allemand et mon fils est musicien, musicologue même... Tu m'as l'air de manier les mots avec facilité et j'ai envie de te lire encore.
Faut que je sorte de mon lit pour aller bosser, hélas ! Je reviendrais.
Belle journée Lika Spitzer
Je viens de perdre, Chriss ce que je te disais... Je suis souvent nulle en manip. Je te demandais notamment si c'étaient tes enfants qui donaient un concert le week-end dernier. Ils m'impressionnent. Je te reparlerai demain. Merci, Chriss.