De temps à autre, dans les affaires de maman entassées, froissées, au fond des tiroirs, au fond des placards, on découvrait un joli caraco (est-ce le mot juste ?) C'était quelque chose de doux, chaud et léger, joliment coupé, de teintes automnales, ni pull, ni chemisier, un haut gracieux à porter sur une jupe, une jupe en forme, peut-être.
Mais la jupe on ne l'avait jamais. On s'habillait, ma soeur et moi, des restes d'un naufrage. Etrange, pour nous, était cette découverte de la beauté d'un vêtement destiné à une ancienne jeune fille, plus respectée que nous en sa jeunesse. Nos corps ne méritaient sans doute pas d'être ainsi valorisés. Heureuses, un peu craintives, on se déguisait en corps valorisés.