Où dorment nos chats ? Fastoche, la question. Il me suffit de regarder nos coussins, le matin. Tiens! ça c'est du poil blond cendré, c'est Putzi. Là, c'est du duvet anthracite et gris : c'est Nora.
Si on faisait une exposition des "maisons" ou paniers à chats achetés exprès pour eux (et c'est cher !) dont ils ne se servent  jamais, on pourrait pour la seule ville de Paris, remplir peut-être la salle qui a servi à Boltanski pour son exposition de chemisiers froissés... Avec cette différence que les visiteurs pourraient se servir. Ce serait compris dans le prix du billet. Il leur suffirait de disposer ensuite, à l'intérieur, un petit chiffon imprégné de leur odeur. Et peut-être que ça marcherait.
Par contre, l'arbre à chats que ma soeur nous a offerts - quand j'ai vu le grand carton arriver à la maison, j'ai espéré que Philippe avait commandé du vin... - cet arbre qui n'a d'arbre que le nom, nous a épouvantés par ses dimensions, sa forme sans grâce, sa matière vaguement pelucheuse, sa couleur pisseuse... Mais nos chats l'ont adoré aussitôt. Alors plus question de chercher à nous en débarrasser, vous pensez bien..
Et le pire dans l'histoire, c'est qu'il y avait deux cartons ! Cherchez l'erreur. Un mystère. Deux arbres à chats dont je devais trouver pour le deuxième l'heureux élu, le futur destinataire du cadeau empoisonné. J'ai pensé à nos amis Rosie et Robert-Antoine, bien sûr... Ils vénèrent leurs chats. Leur maison ne comporte aucun coin qui ne soit plein de grâce discrète et chaleureuse. Ce sont des artistes. Allaient-ils se débarrasser du monstre surgi chez eux ? Eh bien non. Leur mastodonte velu comme un nounours de foire, ils l'ont gardé. Ils l'ont gardé parce que leurs chats l'adorent aussi, cet "arbre", qui ne ressemble en rien à un arbre, mais sur lequel on peut dormir sur plusieurs niveaux, se disputer d'un étage à l'autre, se cacher dans deux trous profonds, et surtout se faire les griffes en s'étirant un maximum sur le tronc épais entouré de grosse ficelle.
Les chats, ces animaux si ravissants, ne nous reprochent pas d'être moins beaux qu'eux. Ils nous aiment comme nous sommes. Pourquoi seraient-ils plus regardants pour leur arbre ?