La salle de bains est si claire, aux heures où maman ne l'embrume pas. C'est l'endroit le plus paisible de la maison. Quand j'ouvre la fenêtre, l'odeur de l'air remué tour à tour par le soleil et l'ombre, venu des collines, l'odeur de l'eau froide, du lavabo frais lavé et de la savonnette, tout cela mêlé si légèrement respire quelque chose de printanier et de rassurant. C'est comme si l'eau des fleurs venait d'être changée et les tiges coupées. Mais ce ne sont pas là les plaisirs de maman.

Maman ne pense pas à aérer sa chambre, ne change pas l'eau des fleurs. C'est Césarine qui le fait, en soupirant de devoir encore et encore remettre en marche ses piliers à varices quand des gens en bonne santé ne font rien.

Jamais je n'ai vu maman respirer à pleins poumons. Elle ne respire qu'à travers la fumée de ses cigarettes. Plus elle a besoin d'air, plus elle fume.

– Pourvu qu'elle ne soit pas comme moi, dit-elle en jetant un coup d'oeil dans ma direction.