samedi, février 6 2010, 11:42
Leçons d'anglais I
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
Un jour j'avais écrit un texte sur nos leçons d'anglais au pensionnat. Je le perds, et j'en écris un autre. Après, le premier reparaît. Si bien que maintenant j'en ai deux, et ne sais lequel garder. Qu'en pensez-vous ?
02 02 90 : Leçons d'anglais I
Maintenant que nous avons pour
professeur d'anglais Mlle Sauteron, une dame fanée aux dents aimablement
anglaises, les leçons sont devenues complexes. Ce ne sont plus les petits
paragraphes aérés des premières années, entourés d'images comme les bébés sont
entourés de leurs jouets dans leurs parcs; mais de longs et tristes paragraphes
pour grands - dont on n'a pas le droit de s'évader - monotones, gris,
accablants, où il faut patauger ou stationner plusieurs heures par semaine...
C'est à peine si je me rends compte que je déteste ces cours d'anglais. Je ne montre rien de spécial, je me contente de bouder vaguement, de soupirer; de regarder un groupe de mots par-ci par-là que j'ai cru reconnaître, mais il ne veut rien savoir de ses voisins immédiats, aucun sens, autant changer de paragraphe, tenter sa chance plus loin... Mais voilà, Mlle Sauteron ne saute rien, elle suit l'histoire ligne par ligne (elle est la seule), nous demande de reconnaître des mots déjà expliqués, étrangers, même s'ils nous ont été présentés plusieurs fois par elle, car tous reviennent immanquablement à leur hostilité première dès que s'est tue la voix affable de Mlle Sauteron.
Je ne comprends rien à rien et
laisse cette horde de mots inconnus encouragés peut-être par mon apathie me grimper
en anglais sur l'entendement sans résister.
- Ce n'est pas bien de ne pas
travailler votre anglais, gronde doucement Mlle Sauteron, qui n'a aucune
autorité sur son troupeau de filles rendues nerveuses par l'agression des mots
étrangers et ne sait comment rétablir le calme. Vous aurez ce texte à revoir
pour la prochaine fois.
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