Un jour j'avais écrit un texte sur nos  leçons d'anglais au pensionnat. Je le perds, et j'en écris un autre. Après, le premier reparaît. Si bien que maintenant j'en ai deux, et ne sais lequel garder. Qu'en pensez-vous ?

02 02 90 : Leçons d'anglais I   
Maintenant que nous avons pour professeur d'anglais Mlle Sauteron, une dame fanée aux dents aimablement anglaises, les leçons sont devenues complexes. Ce ne sont plus les petits paragraphes aérés des premières années, entourés d'images comme les bébés sont entourés de leurs jouets dans leurs parcs; mais de longs et tristes paragraphes pour grands - dont on n'a pas le droit de s'évader - monotones, gris, accablants, où il faut patauger ou stationner plusieurs heures par semaine...

C'est à peine si je me rends compte que je déteste ces cours d'anglais. Je ne montre rien de spécial, je me contente de bouder vaguement, de soupirer; de regarder un groupe de mots par-ci par-là que j'ai cru reconnaître, mais il ne veut rien savoir de ses voisins immédiats, aucun sens, autant changer de paragraphe, tenter sa chance plus loin... Mais voilà, Mlle Sauteron ne saute rien, elle suit l'histoire ligne par ligne (elle est la seule), nous demande de reconnaître des mots déjà expliqués, étrangers, même s'ils nous ont été présentés plusieurs fois par elle, car tous reviennent immanquablement à leur hostilité première dès que s'est tue la voix affable de Mlle Sauteron.

Je ne comprends rien à rien et laisse cette horde de mots inconnus encouragés peut-être par mon apathie me grimper en anglais sur l'entendement sans résister.
       - Ce n'est pas bien de ne pas travailler votre anglais, gronde doucement Mlle Sauteron, qui n'a aucune autorité sur son troupeau de filles rendues nerveuses par l'agression des mots étrangers et ne sait comment rétablir le calme. Vous aurez ce texte à revoir pour la prochaine fois.