lundi, janvier 18 2010, 12:50
Mercédès, Lika, Anton, et les autres
Par Lika Spitzer - Journal - Lien permanent
Les écrivains qui ont la chance de vivre de leur plume sont souvent, se plaignent-ils, pressés par leur éditeur de rendre leur copie, car les uns et les autres ont le fisc aux fesses. Balzac, c'étaient les dettes. Tout est bon pour pousser quelqu'un à travailler, non ?
Nous autres, ce sont nos petits voyages dans les blogs qu'on aime bien, et les copains lecteurs, qui poussent la voiture pour aider le moteur à démarrer : "Eh, dis-donc, voilà plusieurs jours que ça bouge pas chez toi !" Ainsi donc, (tiens, tiens !) ils vous lisent, les copains, même s'ils ne commentent pas... ? Vroum ! vroum ! cela devient très encourageant, le moteur a l'air de réagir, je passe la seconde, vrouououoummm ! ça y est ! J'ai démarré. La voiture est encore un peu froide, mais, voyez, elle roule !
je dois quand même signaler ici que sur ma carte d'identité, mon prénom est... Mercédès. Hélas ! Une arrière grand-tante avait lu Le Comte de Monte Christo, qui sortait en feuilleton quand elle était enceinte. Et depuis, de génération en génération, la deuxième fille de la famille s'appelle Mercédès, ce qui constitue un bagage bien mince pour se débrouiller dans la vie, vous le reconnaîtrez.
(Ma soeur a arrêté le processus. Ouf ! Sa deuxième fille s'appelle Rachel. Si vous allez sur son blog : Dans la marmite de Rachel - vous aurez une petite idée de son immense talent.)
J'en étais restée au bagage bien mince... J'ai donc changé de bagage, et pris le prénom de Lika. C'était le diminutif de Lydia Stakhievna Mizinova, qui a aimé Anton TCHEKHOV en vain pendant dix ans. Le rêve de cette jeune fille était de faire du théâtre. Destin mélancolique qui a inspiré en grande partie à TCHEKHOV le personnage de Nina dans La Mouette , dont voici mon passage-culte... : Je sais maintenant, je comprends, Kostia, que dans notre métier, artistes ou écrivains, peu importe, l'essentiel n'est ni la gloire ni l'éclat, tout ce dont je rêvais; l'essentiel, c'est de savoir endurer. Apprends à porter ta croix et garde la foi. J'ai la foi, et le souffre moins, et quand je pense à ma vocation, la vie ne me fait plus peur.
La partie soulignée par moi m'a soutenue toute ma vie. Et la foi dont il est question, c'est une foi d'artiste, et non une foi religieuse à proprement parler. Depuis très longtemps, je me dis : en faisant de son mieux, qu'on s'occupe de Dieu ou pas, on est sur la bonne voie. Ainsi, Pierre NICOLE, (1625-1695) théologien de Port-Royal écrivait : Il y a toujours une ligne de tout état à Dieu; et sitôt que l'on commence à marcher sur cette ligne, on est dans son ordre.
Avant que la fatigue ne vous prenne vous et moi... : Les Pensées de PASCAL dont été publiées en partie par les soins de ce NICOLE en 1670.
Il y en a qui vont regretter d'avoir poussé la voiture...
6 commentaires
Ah ! Lika, Lika, revoilà notre ami Anton, qui s’est si mal conduit, prétends-tu, avec ses amoureuses !? Ce pauvre Anton à la fois si rêveur et si prisonnier des réalités… Il y avait peut-être une ligne drôlement brisée entre lui, les femmes et… dieu ! Il devait essayer d’avancer, mais ça faisait comme qui dirait des zig-zag. Les écrivains, dans l’ensemble, avancent en zig-zag, — et reculent de même. Bonne nuit. Jean-Paul.
Ah, Jean-Paul, comme je suis contente de trouver un petit mot de toi ici... Ce que tu dis de Tchekhov me rappelle un jour très lointain où j'avais demandé 3000 F à Michel., mon ex-prof de philo, car personne autour de moi ne pouvait me les prêter. (C'était pour la caution et les mois d'avance qu'exigeait un futur propriétaire). Michel me les avait envoyés tout de suite, en me disant qu'il pensait de moi que je marchais droit avec des lignes brisées. Une idée lue chez Claudel, a-t-il dit. J'étais étonnée. Il n'avait jamais aimé Claudel ! Mais cette histoire de lignes brisées m'est restée en tête : je me suis toujours demandé dans quel ouvrage il avait bien pu pêcher ça.
Tu te rappelles cette unique photo de Lika soi-disant si belle, où on voyait une mémère assise auprès de Thekhov, à Ialta, peut-être, je ne sais plus... J'ai résolu l'énigme. Tu te souviens qu'il disait parfois à Lika : "Ne mangez pas tant, vous allez engraisser". Eh bien, à mon avis, plus les années passaient, plus elle grossissait, pauvre Lika.
Comme quoi il y a des Lika qui grossissent et des Lika qui maigrissent !
C'est vrai que je ne suis pas épaisse, c'est important pour ma colonne vertébrale. Je plains toujours les personnes trop grosses - et surtout leurs squelettes peinant là-dessous - dans les escaliers du métro, par exemple... Deux kilos de plus, et je sens ma fatigue. Alors, si c'était trente ou cinquante, ou cent... !
"Il y en a qui vont regretter d'avoir poussé la voiture" Certainement pas moi, on va m^me poussé un peu plus fort !
Ecris et régales nous !
Bises
T'es sympa, Corto. Je reviens à l'instant du côté des blogs après plusieurs jours "d'absence", et vais aller regarder ceux des amis. A tout à l'heure.