Il était une fois un joli chaton tigré avec de beaux yeux gris-doré et de jolies dents très pointues. Sa mère était très fière de lui. Rien qu'à voir les belles petites dents on pouvait deviner qu'il allait être un bon chasseur.

- Un bon chasseur... dit le petit chaton. Non. Je ne veux pas. Je déteste les chasseurs.

Sa mère en resta bouche bée.

- Tu dé-testes les chasseurs ! s'écria-t-elle. Des blagues. Je t'ai vu jouer l'autre jour avec une souris.

- Je ne joue pas avec les souris comme toi tu le fais, dit le chaton. Toi, tu aimes leur faire peur, sortir tes griffes...

- Eh bien oui ! N'est-ce pas extrêmement amusant de les voir affolées, essayer de courir dans tous les sens pour nous échapper ?

- Non ce n'est pas amusant.

- Ah, très bien. Et qu'est-ce qui est amusant, s'il te plaît ?

- De jouer ensemble à pousser une petite pelote de laine. La laine, ça n'a pas peur. Alors on peut bien la faire rouler. Mes copines les souris et moi, on joue à la laine... On rigole bien.

- Tes copines les souris, dis-tu ! Vous rigolez bien ! Mais mon pauvre enfant si tu ne veux pas apprendre à chasser, que feras-tu dans la vie ?

- Euh, j'ai bien envie, maman, de construire des nids. Je trouve ça joli, comme travail.

C'en était trop. La chatte cracha sa colère :

- Mon enfant est fou, complètement fou, il veut construire des nids ! Ah, si seulement ton père n'était pas allé courir on se demande où, tu verrais ce que tu prendrais. Des nids ! quelle honte pour la famille !

La chatte avait très peur de ne pas savoir empêcher ce malheur. Que diraient les voisins si son chaton commençait à construire des  nids ? Dans tout le pays on se moquerait d’eux.

Mais le temps passa, le chaton persista dans ses goûts et devint un chat très expert en nids. Il en construisait et construisait pour toutes les familles nombreuses des environs et ouvrit même un grand magasin : "AUX JOLIS NIDS D'OISEAUX  ET DE SOURIS".

 Comme chacun savait qu'il ne mangeait ni oiseau ni souris, il avait une clientèle très nombreuse, et personne n'avait peur de lui. Sa nourriture se composait de gruyère et de lait - ce qui est excellent pour la santé, et plus digeste que les souris. Enfin, sa santé était si bonne, son caractère si agréable qu'il vécut cent ans libre, heureux, entouré d'amis, et ne connut jamais la pauvreté.