Avec mon dentiste, je peux être honnête. : "Eh oui, je mâche encore mes Nicorette. Il faut toujours, voyez-vous, que je fasse un petit quelque chose de pas très indiqué. Le mot santé, je le trouve trop éclatant pour moi. Est-ce que vous comprenez cela ? Le mot santé pourrait attirer l'attention des Dieux, on doit se méfier."  Il comprenait, riait avec moi. C'était il y a deux jours.
J'avais vite précisé : "Le mot malade, je ne l'aime pas non plus, bien sûr !".
Il est très grand, mon dentiste, un peu comme Jacques Tati : de grands bras, de grandes jambes, et un air grave. Un homme qui m'avait soigné un abcès sous un bridge, sans qu'il devienne nécessaire de le changer. Un homme que j'aime entendre parler de son fils, dont lui et son épouse accompagnent les études supérieures avec une attention délicate, affectueuse.
C'est toujours moi qui demande à mon dentiste des nouvelles de leur garçon.
Fantasme : avoir des parents responsables, qui ne confondent pas indulgence et indifférence. Ecrivant ceci, je découvre ( tiens !) que c'est aussi de mon mari que je parle.