Si Frédéric Chopin avait désiré que l'Etude opus 25 n°2 en fa mineur fût jouée presto, pourquoi la plupart des pianistes la jouent-ils prestissimo ?
Je garde la nostalgie de la vive délicatesse du phrasé de Lucie Novella. C'était si léger, si prenant, quand elle jouait cette Etude...
Elève aussi de mademoiselle Pinelli, pendant que déprimée je ne faisais plus rien, Lucie, belle, vivante, développait son talent comme sans effort, occupée seulement, fulminait notre professeur, à sortir avec les garçons, tandis que nous autres, découvrions que naissait et s'épanouissait près de nous une grande artiste. 
J'aimais rester debout à côté de Lucie, tandis qu'elle jouait. J'adorais ses longs doigts fuselés, pareils à ceux de Clara Haskil sur une photo qui représente la grande pianiste à seize ans, la main posé sur les touches.
Lucie est morte depuis de longues années, et je ne puis l'oublier, ni ne puis supporter que tant de pianistes depuis Alfred Cortot transforment cette Etude en un ruissellement à la fois monotone et étourdissant - averse de virtuosité inutile déclenchée par la main droite - tandis que la gauche sautille entre les flaques dans cette course échevelée.



J'ai retrouvé le livre de Jérôme Spycket où j'avais aimé cette photo de Clara Haskil, intitulée : Après son premier prix au Conservatoire de Paris.