Je peux lire et écrire à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Mais c'est au moment où je me lave que commence ma journée. Et commencer une journée me déplaît - autant que vivre, en somme. Pourtant, et toujours à contrecoeur, je finis par m'y résoudre.
Vers midi, je me traîne vers la salle de bains (ici, en Bretagne c'est une petite salle d'eau). Et je sais que si je vivais seule, ce serait pire.
Car se laver, pour moi, c'est consentir à entrer dans le jeu qu'on appelle vivre normalement, quand par la lecture, l'écriture, je me sens dans un temps sans horloge ni calendrier, sans âge ni poids, âme humaine polie de mots, interminablement.