samedi, juillet 25 2009, 22:13
Dangers ( 2ème partie- ch. 53)
Par Lika Spitzer - Le tournesol de Davos - Lien permanent
On se fatigue de croire en Dieu dans ce pensionnat. Il y a trop de menaces dans les catéchismes, les épîtres, les missels, les prêches, je n'en peux plus.
Si vous avez cru complaire à Jésus en ayant le prix d'honneur, vous apprenez que vous risquez le péché d'orgueil, lequel a perdu Lucifer, naguère le plus intelligent ami de Dieu ! (Et quand le plus intelligent des amis de Dieu s'est fait avoir...)
Mais si vous décidez de ne plus exercer aucun de vos dons, de façon à être sûr de ne pas en tirer orgueil, c'est la parabole des talents qui vient vous avertir que vous risquez, là encore, d'être jeté en enfer pour avoir refusé de faire fructifier le potentiel qui vous a été confié.
Et si par miracle vous parvenez quand même à trouver votre chemin vers la perfection, il peut venir l'envie au diable de mettre la nuit le feu à votre matelas, comme on nous l'a montré dans un film sur le saint curé d'Ars. Enfin il faut vous rappeler en même temps que Jésus a maudit les tièdes.
Autant ne plus croire en Dieu, alors. Moi qui avais rêvé l'année de la communion de mourir pour entrer dans la lumière de Jésus, je ne sens plus, dans la vie comme dans la mort, qu'obscurité, solitude, pourrissement... je ne sais pas comment c'est venu.
Christiane Bernard est morte de la leucémie, il paraît qu'elle criait : « Je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas mourir ! » Elle était dans la classe de ma soeur; je pense à ses jolis cheveux bruns, à ses taches de rousseur, enterrés; j'ai peur.
Même le bruit de la chasse d'eau me terrifie, et pour le fuir, je suis forcée, quand je sors des cabinets de tirer la chaîne en même temps que je me jette dehors. Misérable, coupable, ridicule, je suis perdue. Et j'ai très peur que ça se voie.
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Je me souviens aussi de moments noirs dans mon enfance, des terreurs enfantines que je ne tenais secrètes et que je conjurais vaillament, de la conscience aigüe de la fragilité de ma vie et de mon désarroi à chercher des recours là où Dieu, la vierge et tous les saints étaient sans secours.
Maman me reviendra t-elle ? Il ne faut pas qu'on voit qu'elle me manque.
Votre texte est magnifique, une fois de plus.