Ne pas laisser la coulée de ce silence pernicieux emplir peu à peu les heures de ma journée pour les figer jusqu'au soir. Opposer à cette coulée maléfique toutes les interprétations que j'admire de Bach, Beethoven, Haendel, Mozart, Scarlatti, Vivaldi, et tant d'autres, car la musique sait sidérer ce silence épais, l'empêcher de déverser sa lave spécifique sur chaque jour sur ma vie. La musique et l'écriture, oui, elles deux sont le rempart derrière lequel j'ai appris à me battre - à me débattre, plutôt.
Autrement dit, je ne me comprends pas moi-même, ni ce qui veut m'engloutir encore et encore, chaque jour, cet ensevelissement que même notre chatte perçoit, on dirait, ouvrant très grand ses yeux sur moi, interrogatifs : sauras-tu aujourd'hui empêcher la lave du vieux volcan d'engloutir toutes nos heures ? Elle s'assied, Nora, elle attend, elle a confiance, et quand la musique arrive et le frottement de mon crayon sur le papier, elle s'étend de tout son long, apaisée, près de moi.
2008 - feuille volante retrouvée



Photo de femme - Désastre en Colombie