Je détestais qu'on me dise : "Votre mère est très intelligente."
L'intelligence ne me paraissait pas dissociable d'un effort régulier d'élucidation; quand l'intelligence de ma mère, feu follet occupé depuis toujours à tourner autour des mêmes idées délirantes comme un criquet emprisonné dans une boîte d'allumettes, ne m'a jamais aidée à élucider quoi que ce soit; au contraire.
Ce que je détestais ce n'était pas qu'on me montre l'intelligence ma mère, mais que la voyant ainsi prisonnière, en suspens dans le vide, on  s'intéresse seulement à son originalité, à sa fantaisie. Rageuse, impuissante, j'écoutais des connaisseurs vanter la beauté d'un blessé sans secours.