Du temps que les malheurs des vivants me laissaient froide je somnolais dans un cercueil, mes bibelots funéraires dans les côtes, un couvercle sur le nez. Je m'abritais.

Du moins j'essayais, car en réalité, vingt fois le jour, avec fracas, des gens venaient me demander un coup de main : Faites quelque chose, faites quelque chose ! Je ne disais pas non, de peur qu'on me cloue, mais je fermais les yeux, et de mon mieux les subjuguais par des allures de sainte embaumée. Ils allumaient alors quelques cierges, priaient un peu et s'en allaient.

Mais, à faire ainsi le mort quand les yeux me roulaient tout seuls dans les orbites, à être à tout instant réveillée sans avoir le droit de bondir aussitôt finit par me déranger la tête. Je délirais tant de sommeils et de réveils contrariés que je fus la nuit au lieu d'humains jusqu'à traire les vaches. Enfin mon cas se compliqua tellement que pour libérer les dossiers aux Enfers, à tout hasard, on décida la mort de ma mort.

C'est ainsi que je me retrouve aujourd'hui retirée à la campagne avec pour seul bagage trente-sept degrés centigrades et les fragilités afférentes.