Voilà voyons, dix ans, vingt ans que je vis dans une gare, ma valise à la main. Des marches de train j'en ai monté et descendu comme personne, j'ai poussé ma valise dans des couloirs et des couloirs. Mais je n'ai rien vu. J'ai vécu debout assise couchée sur un quai entre deux trains, entre les mécaniciens qui tâtaient la ferraille et les voyageurs qui arrivaient et partaient, parmi les valises des gens et le bruit de leurs souliers de voyage, dans le brouhaha des hauts-parleurs, le tintamarre des chariots de valises, les sifflements, grincements, entrechoquements de toutes sortes...

J'ai fait pourtant des connaissances... Ils avaient des maisons, des familles, des métiers, ils s'étonnaient de me voir descendre.