Les  stylos à bille, à plume et tous leurs cousins, sont les pneus de l'écriture sur papier.
Leur pointe trop lisse, ils dérapent, ne s'adaptent pas à la sage vitesse de la pensée, les lettres oscillent sur la ligne - dérapage mou qui vous fait une écriture soûle très désagréable à contempler .Ces stylos-là, même en descente, si je puis dire, ne savent pas freiner, dangereux pour les idées, qui risquent de se voir accidentées, leur véhicule abandonné sur le bord des pages, près de phrases éparpillées dont on ne retrouvera plus le sens.
Si elle est trop raide, par contre, la plume du stylo peine à former son tracé. Râpeuse, elle vous a un air de mauvaise volonté, la phrase n'avance pas; elle traîne, réticente. On peut alors infliger à cette plume la correction du papier de verre. Mais là, il faut savoir s'arrêter à temps, sinon elle risque de devenir molle - sa résistance cassée par trop de brutalité - molle au point que vous décidiez de ll'abandonner, dégoûté.
La phrase de Luther qui a hanté ma jeunesse me revient souvent à l'esprit : L'esprit humain est comme un homme ivre à cheval. Relevez-le d'un côté, il retombe de l'autre.
Pour finir, il est quelquefois réconfortant de revenir au crayon, qui, si c'est un "2B"  restera sagement "au pied" : un bon vieux chien fidèle.