Quand j'ai écrit la dernière phrase du texte intitulé Un éveil, pour ainsi dire, j'ai voulu la modifier. Son assurance tranquille me dérangeait. Je voulais ajouter du doute, un peu d'ironie désenchantée. Je me méfie des écrits optimistes.
Mais la phrase ne s'est pas laissé modifier. Quand elle est juste, elle résiste impérieusement, savez-vous. Ainsi va l'écriture.
Alors, je n'aurai peut-être plus besoin d'elle, qui sait ? On n'est pas obligé d'être écrivain toute sa vie.
En attendant, je vais prendre de vieux textes dans mes cahiers, un compte à rebours le long du fil d'Ariane, si vous voulez...

Déjà le 3 mai 2009, à la page 108 de mon cahier 62, j'écrivais :


L'éveil - suite :
Plus tard, ayant tout à fait oublié cette "injonction" comme disent les psy - qui ont souvent plus de vocabulaire que de divination - voici que je veux aller à Paris. Et ma mère de crier :
- Si tu veux aller à Paris, il te faudra me passer sur le corps !
Alors moi :
- Où est le corps ?
A bout d'arguments, maman me maudissait, la pauvre :
- Ma fille, je te maudis !
- Mais maman, tu m'as déjà maudite la semaine dernière. Je suis maudite du sol au plafond. Tu peux pas trouver autre chose ?
Vaincue elle se taisait. M'aidait même à faire mes valises, me donnait de l'argent, et elle en avait peu.
Je me croyais libre.