(Ce texte, je l'ai écrit il y a neuf ans. Je le place ici, car je viens d'écrire Le pendentif)

Au-delà de la douleur, de la souffrance, au fond, tout au fond, il y a le malheur. Et là, dans le malheur, on dirait que les sentiments, la plupart des sentiments humains, inertes et mêlés, défigurés, ont été laissés pour morts; que l'âme a fini par perdre connaissance...
Aider mon enfant tombée dans le malheur demandait, je le comprends trop tard une lucidité, un savoir-faire, une patience, un amour immenses. Je n'ai pas su. Je n'ai pas désengluer les sentiments de Sarah, les laver, les soigner comme on le fait avec les oiseaux pris dans la marée noire. Je ne savais rien du malheur. Ma colère devant son atonie me faisait peur; et j'ai fui, courage Sarah à bientôt, sans voir qu'elle allait mourir.