Je viens de regarder Inspecteur Derrick à la télé. Si je dis ça à mon entourage, j'ai droit à un air goguenard :
- Tu regardes ça !
- Oui.
J'aime ses yeux bienveillants de papa clairvoyant : le papa qui vous rassure. (Qui a eu cela ?). Et cette capacité à tout débrouiller.
Par exemple si on voit Derrick entrer dans une salle ravagée, avec mille papiers et photos répandus par terre, partout, partout, partout, il dit paisiblement à son collègue : "Range-moi tout ça, tu prends les empreintes", comme il dirait : "En sortant, pense à prendre le journal".

Oui. Voilà pour moi un formidable antidote à ces états dans lesquels je tombe souvent. Voyez, ne serait-ce qu'hier, ce que j'ai écrit :

C'est cette sensation qui est pénible : l'impression soudain que ranger ma table de travail pour y retrouver une carte de visite perdue et écrire quelques lettres, c'est un poids à soulever, qui ne se laisse saisir nulle part, lourd, informe. Alors qu'en même temps, au fond de moi, je sais que mes tâches, ce n'est pas la mer à boire, mais que toujours, elles sont enrobées d'un halo de pesante impossibilité.

Philippe, qui en a entendu bien d'autres, me dit :
- Ce halo dont tu parles, ce ne serait pas, par hasard le fameux N'essaie pas, Ils t'auront, de ta mère ?

Oui, il connaît l'histoire par coeur.
J'ai huit ans : "Quand je serai grande, tra la la, je ferai ceci, je ferai cela..."
Et maman - solennelle :
- N'essaie pas, ma fille. ILS t'auront.
- Mais qui, Maman ?
- EUX ! ! !

Parole qui a fabriqué la Lika au Bois dormant de Peut mieux faire, sans doute.


Ce sont les mots, pendant cent ans, les mots patients, qui m'ont réveillée. Comment ont-ils fait ?