C'est quoi, être superficiel ? Quand nous avions douze, quatorze, seize ans, mademoiselle Pinelli, notre professeur de musique  hurlait : SupeRRRficielles ! parce que nous ne consentions pas à progresser. Elle n'avait aucune notion de ce qui se passe dans un cerveau de jeune fille, et que pour ne pas se laisser carboniser par les interdits et perversités éducatives, il fallait, comme certains moteurs qu'on refroidit avec de l'eau froide, que nos têtes se laissent traverser de choses légères, "superficielles".

Et puis, QUI décide de ce qui est superficiel ou non ? Le Francion de Sorel était jugé superficiel par les lecteurs de La Princesse de Clèves an XVIIème siècle. Il figure pourtant depuis des décennies dans La Pléiade. Passons.

Un peu d'eau fraîche, s'il vous plaît.

Souvent,  je suis un TAS, au pied d'un DEVOIR. On pourrait en faire une BD. J'entrouvre un œil, je vois le devoir, je le referme. Avec l'autre l'œil, même résultat. Je réfléchis. Ce n'est même pas un trop gros devoir, mais quand même. Il n'a pas su éveiller le déclic du faire, chez moi. Pourquoi ? Mystère. 

Le tas, devenu scripteur de ses états,  se met à réfléchir.

Ma main qui écrit va se pourvoir d'un corps, qui va, c'est maintenant évident, sortir du lit, et s'occuper à travailler à son blog, l'oreille attentive à la baignoire qui se remplit.

Voyez-vous, je suis à la rechercher d'un NON léger. Si le Non est lourd, menaçant, il coule au fond et n'a plus de pouvoir sur moi. Il produit tout au plus un remous de remords qui me gâte le présent, et je poursuis mes occupations plus ou moins insignifiantes sans que rien ne vienne les arrêter. Tandis qu'un Non léger, presque affectueux, auto-affectueux en somme, peut avoir le pouvoir de me diriger vers une action utile pour ma vie, bénéfique, une action dont l'accomplissement pourrait devenir un moment heureux et constructif tout ensemble.

Non, me dis-je gentiment, ne regarde pas la télévision, tu as un courrier en retard à envoyer, tu sais bien... et tant de livres intéressants à lire, tu sais bien, tu sais bien...