le blog de Lika Spitzer

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Interview de Simone Kermes - Soprano

     J'ai placé ici cette interview pour faire plaisir à mes amies de langue allemande.
     Mais même sans rien comprendre à ce qui se dit, on perçoit que Simone Kermes est naturelle, sans vanité : véridique; et que ceux qui l'entourent sur le plateau, la regardent avec bienveillance et s'intéressent sincèrement à ce qu'elle exprime.
     Personne ne semble superficiel.
Me plaisent particulièrement les regards de chacun.











Interview Simone Kermes

Edvard Munch à Beaubourg, hum... ?

     Quelle déception, cette exposition d'Edvard Munch, hier !
     J'y allais, espérant y trouver mon tableau préféré, Portrait de ma sœur Inger * (1884), où cette jeune fille, en robe noire semblait avoir été peinte avec des baisers. Ce tableau je ne l'ai pas trouvé ! Et on ne doit PAS le confondre avec le portrait, peint en 1892, plus froid, où Inger a les mains croisées devant elle et porte une robe presque noire aussi, mais tachetée de motifs roses.
     Beaucoup de visiteurs cherchaient Le cri. Point de "Cri" - il existe pourtant une cinquantaine de variantes de ce tableau. Comment comprendre ?
     Ne figurait pas non plus à Beaubourg La danse de la vie, où Munch exprime son dédain envers des danseurs sans délicatesse, certains même grossiers, grotesques. Trois femmes, au contraire, semblent des personnes sensibles. La première, douce et légère au fond du tableau, a peut-être un cavalier, mais un danseur sinistre au premier plan ne nous permet pas de le savoir. Les deux autres femmes, un peu plus mûres, encadrent debout les deux côtés du tableau, sans regarder les danseurs. Pensive, un brin mélancolique, celle qui arrive, seule, de la gauche sur l'herbe vert sombre, vêtue de blanc et ocre, s'essaie à sourire, tandis qu'immobile en sa robe noire, raidie en sa douleur, la femme au mince visage désespéré, seule elle aussi, que Munch a placé au premier plan à droite, semble se demander : "Faut-il vraiment continuer à vivre parmi ces gens-là..." Un tableau que j'aime beaucoup, vous l'avez compris.
     Absents aussi, les tableaux La femme au trois stades de son existence, Le clair de lune, La Tempête, on ne va pas tout énumérer.
     Un miracle, donc, qu'ait figuré dans cette expo L'Enfant malade, en deux versions, s'il vous plaît, Le Printemps, et surtout La puberté : cette jeune fille nue au regard intense, assise modestement sur le bord d'un lit, les bras allongés devant elle cachant son pubis. Les mains et les pieds joints sont peints avec douceur et respect. J'ai pensé alors à ce qu'il peut y avoir de mépris dans la façon dont Munch peint les visages vides des bourgeois, déterminés plutôt par leurs chapeaux, dans Soirée sur l'avenue Karl-Johann. Manquent aussi La Mort de la mère, aux couleurs si légères, l'Autoportrait à la cigarette .
     Par contre, m'ont fascinée La Vigne vierge, un tableau qui barbouille de sang ou de flamme toute la façade d'une maison (et d'ailleurs Munch a peint aussi une maison incendiée), Mélancolie, où domine un orange torride dans toute la chambre et jusque sur le visage et les mains de la femme assise qu'on sent demeurer en sa nuit intérieure. Même fascination pour Le soleil, qui écrase le paysage tout entier sous les lourds barreaux jaunes, rouges, verts et même bleus, d'une prison géante, où j'ai vu... l'autorité intraitable du père. Un tableau un peu pâli dans les reproductions. Mais Munch a peut-être peint plusieurs de ces soleils, qui sait ?

* Portrait de ma soeur Inger figure dans le Munch publié par TASCHEN que vous pouvez acheter sans aller voir l'exposition, un grand livre vendu 9,9 euros - quand chaque place coûte davantage ! Si vous n'avez pas pu réserver un coupe-file, franchement, cela ne vaut pas le coup de faire la queue... La plupart des reproductions sont très bien. Et si la paye est tombée, achetez  encore, si vous ne l'avez pas, le DVD intitulé Edvard MUNCH, un film de Peter Watkins. Je l'avais vu en ma jeunesse, revu plus tard. Vous ne le regretterez pas !

Un vieux feu follet

     Si je veux me mettre dans la tête trop d'expressions allemandes à la fois, je sens - ce n'est pas nouveau, n'est-ce pas ? - que mes neurones ferment les yeux ou plutôt les oreilles : plus rien de les atteint. Je vois à cela que je ne suis pas une intellectuelle. Heureusement, je peux toujours me tourner vers le brossage de la fourrure de Nora (elle le réclame dix fois par jour), le balayage du parquet jonché en permanence de ses poils, vers la vaisselle en attente dans l'évier, ou tiens, vers mon blog...
     J'ai connu une jeune fille qui a fait de brillantes études, comme on dit. Sa mère s'occupait de tout le reste, au point même de taper les thèses de sa fille et davantage. Cette fille-là était vraiment une intellectuelle à mon avis : capable de rester des heures et des heures, des mois et des mois, des années entières, à étudier. Comme je le lis dans l'URFAUST de Goethe, son esprit "bien dressé" a dû être chaussé "de bonnes bottes espagnoles", ce qui lui a probablement évité de "se promener en zigzag Comme un feu follet". Méphistophélès prétend qu'on obtient ces bons résultats par des cours de logique.
     Je me gratte l'épaule. Il est bien bizarre, cet Urfaust. C'est une version antérieure au premier Faust, et découverte par hasard dans les papiers d'une dame de la Cour de Weimar. En allemand, c'est bien plus beau qu'en français. Je me dis, continuer à vivre est vraiment intéressant.

Ce soir

    
     Comme je cherchais la lune
     Dans le noir
     J'ai vu une étoile

    
     Nora s'est couchée
     Dans mon fauteuil en osier
     Elle m'observe
     Je ne te dérangerai pas

Changer l'eau des fleurs

    Changer l'eau des fleurs est une activité funéraire. Je déteste ces eaux troubles à vider, ces queues à rincer pour qu'elles cessent d'être gluantes. Soigner des fleurs coupées - coupées de leurs racines - me dégoûte. C'est soudain. Je ne peux plus.

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